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Le petit monde de Coquelicot
25 octobre 2021

Les Castors

Retour sur l'histoire des "cités Castors" initiées notamment par Michelin, dans le centre de la France, et qui ont inspiré l'enseigne Castorama. L'article intégral est publié dans le hors série Clermont Secret tome 2 édité par La Montagne en novembre 2013.

A Clermont-Ferrand, tout commença à l’automne 1948, alors que les listes des Bibs candidats aux logements s’allongeaient...

Tout le confort moderne et facile à construire

Les « patrons » de l’époque, Robert Puiseux et Pierre Boulanger commandèrent l’étude d’une maisonnette facile à construire à tout petit prix de revient, avec naturellement tous les branchements « modernes » : eau, gaz, électricité, tout-à-l’égout. 

Elle devait comporter une chambre pour les parents et une salle commune avec d’un côté la cuisine et de l’autre le lit des enfants. La cuisine devait être équipée d’une hotte avec bouche d’aération, d’un évier, d’un bac à laver. Un W.C. avec chasse d’eau venait compléter le tout. 

70 m2, modeste mais commode

Le but était de produire en série à prix raisonnable (500.000 frs à l’époque) un logement de 70 m2, modeste mais commode, sachant que le plan permettait un agrandissement ultérieur.  La légèreté de la construction (charpente en bois de sections calculées au plus juste, hauteur sous plafond à 2,50 m, alors en dessous des normes), firent l’objet d’âpres discussions au sein de l'entreprise. 

Baptisée du nom de code «Z», la petite maison devait servir de prototype à celles qui furent construites par la suite par les « Castors ». A cet effet, son descriptif et ses plans furent modifiés à plusieurs reprises, prévoyant notamment la construction d’une chambre supplémentaire et d’un indispensable cellier.

Pour les "économiquement faibles"

Avec l’engagement des Castors dont les premiers essais à l’Usine dataient de 1951, les sociétaires participaient à la construction de leur maison familiale en apportant leur travail. Ils se regroupaient par affinités, entre dix et trente familles, dans des lotissements prévus à cet effet. Ces apprentis bâtisseurs venaient des couches sociales les plus modestes, on les appelait pudiquement les « économiquement faibles ».

Sans grande expérience de la construction, ils étaient manœuvres de base, participaient au terrassement, fabriquaient des parpaings, préparaient et coulaient le béton sur l'ensemble du chantier et pas seulement dans la maison qui leur revenait. Ces tâches étaient accomplies, souvent dans la bonne humeur, sur leurs heures de loisirs et sur la totalité des vacances.

castor

Un groupement en coopérative

Avantages de la méthode : le travail apporté représentait une part non négligeable de la dépense totale. Dans plusieurs cas, cette part pouvait être évaluée à 1.500 heures à 100 francs, soit 150.000 francs de 1950. Le groupement des Castors en société coopérative permettait en plus d’acheter les matériaux en quantité et donc à des prix avantageux. 

Il économisait aussi une partie des frais généraux, des impôts sur les bénéfices et des taxes d’une entreprise classique, même si des professionnels appointés supervisaient les chantiers. Au total, l’apport travail et les économies représentaient environ un quart des dépenses.

"Solidarité ouvrière"

Le Service des habitations de l'Usine aidait les Bibs à préparer leur projet, notamment avec la fourniture de plans, dans la constitution du dossier administratif et parfois pour la vente d’un terrain appartenant à la Manufacture. 

Depuis, beaucoup de ces maisons en rez-de-chaussée ont été modifiées, surélevées, agrandies, si bien que l’on ne retrouve pas toujours leur emprise d’origine. Les plus anciens de leurs occupants se souviennent pourtant bien des Castors : «C’était un temps où le terme «solidarité ouvrière» voulait dire quelque chose...»

Ces Castors qui étaient-ils ? Ce mouvement coopératif est né en France après la Seconde Guerre mondiale. Il ne s’agissait non pas d’une association, mais de plusieurs associations indépendantes, fédérées par la Confédération Nationale d’Autoconstruction CASTORS. Il était apparenté aux expériences des cottages sociaux de l’entre-deux guerres favorisés par la Loi Loucheur de 1928. Ce système d’aide mutuelle a permis la construction partout en France de plusieurs milliers de maisons individuelles pour des familles qui sans lui n’auraient pas pu accéder à la propriété.  Vers 1960, le mouvement des Castors a perdu de sa dynamique quand l’État s’orienta vers le logement collectif de masse. De l’esprit des Castors et du «faites-le vous-même», il reste les débuts de l’enseigne «Castorama», premier grand magasin de bricolage, lancé sous le nom générique de «Central Castor» en 1969 par Christian Dubois (ça ne s’invente pas)...

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