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Le petit monde de Coquelicot
27 juin 2008

Etes-vous vraiment à l'écoute ?

Article à l’intention des personnes proches d’une personne atteinte de Fibromyalgie et de toute personne qui désire mieux écouter celles qui l’entourent.

« Écoute, on n’a pas besoin de faire ce voyage. Les enfants s’en remettront, tu verras. » En entendant son mari, la femme, qui était en crise de Fibromyalgie, se met à pleurer. « Je ne sais pas. J’ai tellement mal. J’ai peur d’être un poids pour vous durant le voyage. » Son mari se lève et va allumer le téléviseur. « On peut laisser tomber ce voyage et prendre des vacances ici, à la maison. On pourra visiter le grand canyon une autre fois. Pleure pas chérie. » Elle regarde son mari tristement et lui répond « On peut quand même y aller. Je sais que tu veux m’aider mais j’aimerais seulement que tu m’écoutes. »

Le mari pensait probablement que c’est exactement ce qu’il faisait. Après tout, il avait entendu qu’elle avait mal et qu’elle avait peur d’être un fardeau durant le voyage. Et il essayait vraiment de l’aider en suggérant de canceller ce voyage qu’elle craignait faire. Mais il n’écoutait pas, pas vraiment.
Afin de vraiment l’écouter, il faudrait qu’il soit conscient des autres choses qu’il fait en même temps. Comme nous tous, il a développé des comportements de non-écoute automatiques dont il n’a même pas conscience. Dans ce cas-ci, le mari tente de résoudre le problème en plus de commencer à faire autre chose. La première étape pour mieux écouter quelqu’un d’autre est d’identifier nos façons de ne pas vraiment écouter. Nous allons donc parler maintenant des quatre manières les plus courantes de ne pas être attentif à ce que l’autre nous dit.

Le conseiller : trouver des solutions

Supposons que quelqu’un vous dit « Je suis si confus. Je dois me trouver un nouveau médecin mais je ne sais pas par où commencer. » Des réactions typiques seraient du genre : « Tu devrais essayer d’avoir le médecin de ton frère. Ça reste dans la famille, comme ça tu as une chance que ça marche », « Tu pourrais appeler dans les cliniques pour voir qui est disponible » ou « Il faudra que tu cherches quelqu’un qui connaît vraiment la Fibromyalgie ». Il s’agit peut-être de conseils bien intentionnés mais ils ne sont que cela : des conseils. Ils ne constituent aucunement de l’écoute authentique.

Si vous répondez avec des conseils avant d’écouter, il est possible que vous soyez en train de résoudre un problème qui, au fond, ne s’est même pas encore posé. Même si ce que l’autre personne vous dit vous semble très clair, comme dans l’exemple ci-haut, il ne faut pas conclure trop vite. Par exemple, si vous écoutez vraiment, vous allez commencer par vérifier auprès de cette personne le pourquoi de sa confusion. Peut-être est-elle incertaine et se demande-t-elle si elle veut consulter un ou une docteure, si elle doit s’occuper elle-même du transfert de son dossier, etc. Vous allez aussi tenter de voir quelles émotions l’habitent – craint-elle de faire des appels, d’aller voir un nouveau docteur, de ne pas être comprise, ou vit-elle un deuil par rapport à la perte de son médecin qu’elle aimait, par exemple? Ce n’est que lorsque vous aurez vraiment écouté une personne que vous pourrez être en mesure de l’aider par des conseils. En fait, votre écoute l’aidera peut-être suffisamment pour que vous n’ayez rien d’autre à contribuer. Peut-être avait-elle tout simplement besoin d’être écoutée.

Le coupable : être sur la défensive

Être sur la défensive est sans doute le comportement de non-écoute le plus répandu. Imaginez que quelqu’un vous dise « Je suis vraiment fâchée contre toi d’avoir dit à ma mère que j’étais malade. Depuis elle m’appelle tous les jours ». Sans même hésiter, la plupart d’entre nous répondraient des choses du genre « J’ai pas fait exprès », « C’était pas de ma faute. Je ne pouvais quand même pas lui mentir quand elle me l’a demandé » ou « De toute façon, elle avait le droit de savoir je pense ». Nous sommes tellement occupés à nous défendre que nous oublions d’écouter ce que l’autre nous dit. Et lorsque nous sommes sur la défensive, nous sommes loin de comprendre ce que l’autre peut vouloir dire! Peut-être n’aime-t-elle pas que sa mère soit inquiète à son sujet? Peut-être attendait-elle un moment qu’elle pensait meilleur pour lui dire et se sent-elle flouée par le fait que vous l’avez devancée? Peut-être ne sait-elle pas encore ce qu’elle est prête à dire et à ne pas dire sur sa maladie?
Lorsque nous choisissons d’être sur la défensive, il est clair que nous tentons de prendre soin de nous. Mais nous échouons lamentablement à établir le contact et à comprendre l’autre; la relation peut alors devenir orageuse et amère, alors qu’il n’y a pas vraiment lieu qu’il en soit ainsi.

Le sympathique : s’identifier à l’autre

Le fait de s’identifier à l’autre – le moi aussi des échanges verbaux entre deux personnes – est l’une des façons les plus trompeuses de ne pas vraiment écouter l’autre. Voici un exemple qui illustre bien cela. Deux amies souffrant de Fibromyalgie discutent à propos de l’exercice. L’une dit « J’ai vraiment besoin de marcher mes deux kilomètres tous les jours pour demeurer saine d’esprit. Mais ces temps-ci, j’en suis incapable ». L’autre lui répond « C’est pareil pour moi. Je prenais de longues marches et je jouais au tennis tous les jours. Maintenant je lis ou je fais du crochet. Mais c’est pas si pire : j’ai appris à faire des motifs vraiment très beaux ».
La deuxième femme a-t-elle vraiment écouté la première? En fait, elle a plutôt présumé que son amie vivait la même chose qu’elle face au fait qu’elle ne pouvait faire de l’exercice. En plus, elle parle de la solution qu’elle a trouvée pour elle-même. Mais si son amie est déprimée et sait que la marche agit comme un antidépresseur, peut-être a-t-elle peur de tomber dans la dépression? La solution du crochet n’a donc aucun sens pour elle. Et elle n’a pas pu être entendue sur ses craintes réelles, ce qui lui aurait sans doute fait le plus grand bien.
Alors quand nous nous identifions à l’autre avec des moi aussi et ce qui s’ensuit, nous présumons souvent à tort que nous avons compris ce que l’autre voulait exprimer. Ceci ne constitue pas du tout de l’écoute réelle.

Le critique : porter des jugements

À un certain niveau, nous jugeons tous une personne qui est en train de s’exprimer. C’est humain et inévitable malgré notre volonté de faire autrement. Tandis qu’elle parle, nous nous disons peut-être « Qu’elle est jolie! », «Quelle personne attentionnée » ou, au contraire, « Qu’est-ce qu’il est pénible » ou « Mon dieu qu’elle est ennuyeuse ». Mais c’est un automatisme qu’il faut contourner quand nous désirons vraiment écouter ce que quelqu’un d’autre nous dit.
Si un ami qui a une intolérance au blé vous dit « Je vais expérimenter avec mes repas et voir si je ne pourrais pas manger du blé une fois par jour » et que vous pensez « T’es complètement zinzin! », ce jugement vous empêchera de comprendre ce qu’il dit. Car au lieu de tenter de voir la situation de son point de vue, vous allez demeurer distant et l’affubler de votre jugement, voire l’informer de votre opinion. Si vous voyez quelqu’un comme un geignard ou un chialeur, vous ne pourrez pas être empathique ou éprouver de la compassion lorsqu’il souffre. Si vous jugez quelqu’un comme étant égoïste, vous ne pourrez pas respecter les gestes qu’il pose pour se respecter lui-même.
Bref, les jugements sont de solides barrières à la compréhension. Ils nous empêchent d’apprécier les émotions, les intentions, les pensées, les besoins et les points de vue des autres. Mais pour les contourner, nous devons d’abord avoir conscience de les émettre.

Écouter pour vrai

Afin d’écouter quelqu’un, de bien discerner ce qu’il dit, et de comprendre ce qu’il veut dire, vous devez d’abord être conscient de vos façons de ne pas écouter. Ensuite, il faut tenter de les dépasser. Soyez calme et silencieux et concentrez-vous sur ce que l’autre dit, ses mots, le ton de sa voix, son langage corporel. Donnez toute votre attention à la personne qui vous parle. Il faut arrêter de croire que pouvez vraiment écouter quelqu’un en même temps que vous faites autre chose comme regarder la télévision, travailler sur votre ordinateur, lire le journal ou regarder ailleurs. Vous ne pouvez être à l’écoute et faire autre chose en même temps.
Après que vous avez donné toute votre attention, il est important de dire à l’autre ce que vous avez entendu. Par exemple, dans le cas du couple qui devait partir en voyage au Grand Canyon, le mari aurait pu dire « Tu sembles t’inquiéter à l’idée que tu pourrais être un fardeau durant le voyage si tu ne peux pas faire les choses que nous avons planifiées », ou « Tu sembles découragée par le fait que ta douleur revient en force alors même que nous planifions un voyage ».
Si vous étiez l’amie de la personne qui ne pouvait plus faire ses longues promenades, vous auriez pu dire « On dirait que ces marches sont vraiment vitales pour toi » ou « Tu as l’air de penser que le fait de ne pas prendre tes marches aura des effets dévastateurs sur toi ». Évidemment, utilisez un ton qui indique que vous êtes réceptif. La personne pourra alors clarifier sa pensée en fonction de ce que vous lui aurez reflété. Si vous êtes tombé pile, elle hochera probablement de la tête ou s’exclamera « Oui, c’est exactement ça » !
Écouter quelqu’un, c’est lui faire cadeau de notre attention, de notre intérêt et de notre temps. En écoutant, nous donnons à quelqu’un ce dont nous-mêmes avons besoin. En effet, il est rare que nous voulions des tonnes de conseils et de suggestions et encore moins voulons-nous être jugés. Nous avons besoin d’être entendus. Nous avons besoin de l’espace offert par l’attention d’autrui pour exprimer nos émotions et clarifier nos pensées. Nous pouvons apprendre à donner ce que nous désirons si ardemment recevoir : être écoutés, être entendus.

Rédigé par Diane Leroux

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