Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le petit monde de Coquelicot
18 avril 2011

Un vendredi soir, à Mezel

Vendredi soir, à Mezel, dans une petite salle de village, nous sommes allés voir Véronique Pestel pour la énième fois. Nous l'aimons tellement cette chanteuse. C'était encore une soirée extraordinaire, magique. J'ai pu faire des photos entre les chansons (elle avait demandé qu'il n'y en ait pas pendant les chansons, j'ai respecté son souhait).

En première partie, il y avait le groupe Adage composé de nos amis Gilles et Sylvie. Sylvie a vraiment progressé, elle a une très jolie voix, j'ai beaucoup aimé son interprétation de "en noir et blanc", une chanson qui parle de son enfance à La Plaine, là où, moi aussi, j'ai passé la mienne. Une grosse bouffée d'émotion m'est montée à la gorge.

gilles_et_sylvie

Ensuite, petit entr'actes et Véronique rentre en scène, pieds nus comme d'habitude. Ca me surprend toujours, moi qui ai tout le temps les pieds gelés.

Nous avons eu un beau concert, plein d'émotion et de chansons de qualité chantées par une chanteuse qui articule. Elle s'accompagne elle-même au piano dont elle joue divinement.

veronique_pestel

J'ai eu la curiosité d'aller lire sa biographie sur Internet et voici ce que j'ai trouvé :

Je commence par naître à la maternité de Fontenay-Aux-Roses en banlieue parisienne, le 6 mars 1960. Je suis nourrie au biberon de lait par toutes les bonnes volontés passant à ma portée, puis aux bouillies de froment et purées de légumes par ma maman, et enfin aux crêpes, beignets, clafoutis, gâteaux au chocolat, meringues, brioches, pommes au lard par ma mémé qui m'apprend, dans la foulée, à lire et à écrire. Ma mamie fait tout brûler mais elle m'enseigne le piano et m'emmène partout avec elle, même loin, en caravane, avec des sandwiches et des chansons. A l'âge de quatre ans j'ai donc tout en main pour faire un bon auteur-compositeur-interprète : je sais écrire, pianoter, chanter, voyager et suis facile à nourrir.

A six ans, école primaire, conservatoire de musique et cours de danse. J'ai horreur de tout ça. Mais j'adore lire (Le club des cinq, Tintin, Astérix et Tout l'univers), jouer du piano, et courir dans la rue. Après je rentre manger les crêpes, beignets, etc... en faisant mes devoirs. Je suis grasse, rousse et bonne élève. J'adore toutes les chansons à la mode (de Brassens aux Yéyés), je monte sur les tables pour chanter Pierre Perret aux mariages, et Tino Rossi à Noël.. Mamie dit : «Elle finira sur les planches».

Années 70 : Les années de collège. Au début j'aime surtout le sport, la pop music et les magazines pour la jeunesse. Ensuite je préfère Baudelaire, Rimbaud, Sartre, Camus, Vian, Prévert... Je commence à écrire des poèmes et de la musique.

Au Lycée je choisis une filière artistique et musicale qui m'offre une bonne base de culture générale dans ces domaines. Je tombe sous le charme de la chanson poétique : Albertine Sarrazin chantée par Myriam Anissimov, Aragon par Ferrat, et bien sûr, Barbara, Ferré, Nougaro, Brel. Au piano j'aime jouer Bach, Beethoven, Chopin, Ravel, Satie,... mais aussi les ragtimes de Scott Joplin et les boogie-blues.

Entre les cours je vais voir Paris : les musées, les cafés, La librairie des Femmes de la rue des Saints-Pères, les petites salles de cinéma d'Art et d'Essai, les concerts gratuits dans les églises...

 A 18 ans, fac de philo, à Tolbiac puis à la Sorbonne. Bien sûr je préfère Nietzsche à Platon, Spinoza à Pascal, c’est de mon âge, mais surtout je me cherche et me trouve dans l’exploration passionnée de deux extrêmes : Henri Miller et Marguerite Yourcenar. J’écoute beaucoup Anne Sylvestre et Henri Tachan auxquels «je réponds» en écrivant mes premières chansons.

Années 80. Mémé et Mamie s’en vont, ma gourmandise aussi. J’arrête le chocolat, le beurre, le sucre, les études, et je pars vivre à Lyon où je deviens chanteuse, pianiste de bar et aide-ménagère auprès des personnes âgées. Mon kaléidoscope s’enrichit et je découvre Anna Prucnal, Michèle Bernard, Angélique Ionatos, Giovanna Marini, les grandes passeuses de rives du passé au présent, de l’ici à l’ailleurs ; Pierre Philippe et Astor Piazzolla engendrent Jean Guidoni ; Sylvie Germain publie ses premiers romans et c’est la première fois qu’un écrivain de ma génération me touche. Peu à peu, j’apprends à connaître la richesse d'un monde artistique que les pouvoirs médiatiques et culturels ne reconnaissent pas, ou peu, et qui reste ignoré du grand public ; j’y vais quand même. J’enseigne le piano, prends des cours de chants, aime le peintre Vuillard, la campagne Drômoise et ne sais faire que le Pot-au-feu (mais bien).

J’enregistre artisanalement ma première cassette, Chansons sur choses à dire (83), et commence à chanter régulièrement en public. Un producteur de pop anglaise (!) produit mon premier 45 tours : Mea Culpa (85). Suivent dix années d’écriture et de spectacles qui donneront matière à mes deux premiers albums. Mon souvenir le plus fort de ce temps-là est le Tremplin du Printemps de Bourges (88). Il est lié à toutes les personnes qui m’ont aidée jusque-là... Je rencontre alors Jean-Claude Barens, qui accompagne et soutient toujours ma carrière.

Années 90. Mon premier album, en public : La Parole de l’autre (92) à Villeurbanne. Les tournées en régions me laissent d’aussi bons souvenirs que les salles parisiennes plus reconnues : Sentier des halles et Espace Dunois (92) où je rencontre Nadine Jehl - qui fait depuis équipe avec JC Barens et moi - L’Espace Kiron (93) Le Théâtre Sylvia Monfort et l’Auditorium St Germain (94). Je fais, entre autres, les première parties de Nougaro, Guidoni, Reggiani, Greco, Vaucaire, Leforestier, Lara, Aubret, Enzo Enzo, Marie-Paule Belle, Julos Beaucarne, Ricet Barrier, Angélique Ionatos, et suis souvent invitée auprès d'Anne Sylvestre, Romain Didier, Michèle Bernard, Allain Leprest, Gilbert Laffaille et Christian Paccoud dont je me sens effectivement très proche. Je participe aux principaux Festivals francophones : Bourges, La Rochelle, Val -de-Marne, Hauts-de-Seine, Montauban, Zürich, Granby, Montréal, Boston, Barjac, Lignières, Artigues, Lausanne, Charleroi, ...

Chez moi, ce sont les années Colette, Giono, les années sensuelles, les années gourmandes – tiens, la gourmandise est revenue. Je viens vivre près du Lac de Genève. La culture prend un peu moins d’importance. La nature, les mots, la musique et l'amour ne perdent pas une miette de la leur. Je ne fume plus, j'apprends la cuisine des terroirs et parcours la route des vins quand l'occasion s'y prête ...

A la suite de mon concert aux Francofolies (94), Jean-Michel Boris m'invite à L'Olympia (95). Jean-Claude Barens réunit les conditions pour que je m'y rende parée, d'un trio, de techniciens, et d'un second album, orchestré par Christian Boissel : Laisser-Courre (95, Prix Charles-Cros).

J’écoute beaucoup de musique de chambre, ainsi que les chanteuses et pianistes de jazz américains. Je lis des livres sur le théâtre de Stanislawski, Jouvet, Peter Brook, Dario Fo, Ariane Mnouchkine. Je me concentre sur l’art d’interpréter et plus seulement sur l’art d’écrire. Je chante souvent à l’étranger, (tournées des Alliances Françaises et Instituts Français d’Allemagne et Europe de l’Est, Pays-bas). Il m’arrive de partager la scène avec d’autres musiciens, avec d’autres chanteurs, et même avec des danseurs (Des jeunes Gens, en 97, chorégraphie de S.Wisnievski, autour de mes chansons). J’interprète souvent des textes qui ne sont pas de moi, et travaille parfois mes spectacles avec des gens de théâtre. Mon troisième album se joue au Théâtre de Dix-Heures, avec le chanteur-guitariste Pascal Tafuri : L’appeau des mots (97).

Années 2000. Je vis toujours dans la vieille maison sur la colline au-dessus du Lac Léman. Mon quatrième album : Babels (2000) se fête en quartette au Café de la Danse (2002). Il est orchestré par Michel Précastelli ainsi que mon quatrième, que nous enregistrons en duo de pianos à L’Essaïon : Canis bulle (2005).

J’aime les films d’auteurs, les peintres qui peignent encore, les poétesses inconnues (pléonasme) et les penseurs qui m’aident à lever les yeux. Parfois le silence.

Le poète Géo Norge demande :
« Tu crois que c’est gai de vivre nu
Tout nu sur la pointe d’une aiguille ?... »
Le fantaisiste Pierre Dac répond :
« C’est déjà pas facile d’aller chercher le public là où il se trouve,
encore faut-il le trouver là où il se cherche ! »
Je suis là, entre les deux.

Véronique Pestel, 2005

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Le petit monde de Coquelicot
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Le petit monde de Coquelicot
Publicité