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Le petit monde de Coquelicot
25 septembre 2007

Je n'aimerais pas être à la place des parents

Comment peut-on incendier un bus où il y a des passagers seulement pour faire parler de sa cité à la télé ? Comment peut-on soutenir ses enfants responsables de brûlures d'une femme à 62 % du corps ?

Je n'arrive pas à comprendre cette violence gratuite.


MARSEILLE (Reuters) - La victime du bus incendié en octobre 2006 à Marseille, Mama Galledou, ne devrait pas assister au procès de certains de ses agresseurs qui s'ouvre ce mardi devant le tribunal pour enfants de la ville.

"Jusqu'à la dernière minute, je me donne le droit de changer d'avis", déclare-t-elle avant l'ouverture du procès, emblématique des violences urbaines qui affectent périodiquement les banlieues des grandes villes françaises.

Brûlée sur 62 % de la surface du corps, la jeune femme a subi huit greffes et poursuit son calvaire entre le domicile familial et l'hôpital Léon-Bérard de Hyères, dans le Var, où elle reste soignée.

"J'essaie de penser à l'étape suivante mais pour l'avenir, je ne vois rien. Je ne veux pas sortir d'ici car on vous regarde bizarrement quand vous n'êtes pas normale", avait-elle confié aux juges d'instruction Pascale Liégeois et Laetitia Ugolini venues l'entendre au mois de mars sur son lieu de souffrances.

A ses agresseurs, dont les deux plus jeunes comparaissent mardi devant le tribunal pour enfants, elle ne trouve "aucune excuse" et doute de pouvoir comprendre un jour la motivation de leur geste.

Les adolescents, dont le plus jeune venait de fêter ses quinze ans peu avant l'incendie, ont été qualifiés "d'intelligence normale" par les experts. Tous deux ont reconnu les faits mais se sont montrés incapables d'analyser les motivations profondes de leur passage à l'acte.

L'incendie du bus 32, le 28 octobre 2006 dans les quartiers nord de Marseille, a pourtant été mûrement réfléchi par les huit incendiaires, tous mineurs au moment des faits.

"Il apparaît que ce projet de brûler un bus avait été décidé préalablement et de façon concerté par un groupe de jeunes garçons dont les rôles ont été répartis à l'avance", notent sans ambiguïté les magistrats dans leur ordonnance de mise en accusation.

"Ceux qui ont fomenté ce projet ont eu pour seule motivation de faire parler de leur cité, de faire comme à Paris et, surtout, que leur acte soit commenté à la télévision comme certains événements survenus en banlieue parisienne", précisent-ils.

"CE SOIR, IL FAUT QUE JE BRÛLE UN BUS"

Des investigations policières, il ressort que le scénario de l'attaque a été soigneusement planifié dans les couloirs de la Cité des Oliviers, dont sont originaires cinq des huit prévenus.

La répartition des rôles prévoyait ainsi que l'un demande au bus de s'arrêter puis se positionne devant pour l'empêcher de redémarrer. Deux autres membres du groupe versaient l'essence tandis que deux autres demandaient aux passagers de descendre.

L'un d'entre eux, le "chef du commando", devait mettre le feu au carburant répandu dans le bus une fois ses camarades sortis.

"Ce soir, il faut que je brûle un bus. A Paris, ils brûlent et ils passent à la télé", avait affirmé la veille de l'incendie l'un des protagonistes que les enquêteurs soupçonnent d'être l'organisateur du projet sans clairement pouvoir l'établir.

L'autobus s'est enflammé en quelques secondes. La dizaine de passagers est parvenu à sortir du véhicule en feu, mais Mama Galledou a glissé sur une flaque d'essence et n'a pas réussi à s'extirper du brasier.

Elle passera plusieurs semaines entre la vie et la mort à l'hôpital marseillais de la Conception où Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, se rendra à son chevet.

Entre le 31 octobre et le 3 novembre 2006, tous les agresseurs sont identifiés et interpellés.

"Les malfaiteurs m'ont donné l'impression de savoir parfaitement ce qu'ils faisaient. Ils n'étaient ni excités, ni fébriles. Au contraire, ils m'ont paru très calmes", a témoigné la conductrice du bus Danielle Fernandez.

Les deux adolescents, qui sont âgés de moins de 16 ans, bénéficient de l'excuse de minorité et encourent quinze ans de réclusion.

Les six autres prévenus comparaîtront du 3 au 7 décembre devant la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône et encourent une peine de trente ans de prison.

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