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Le petit monde de Coquelicot
13 mars 2007

Grand corps malade

grand_corps_malade

 

J'ai été très impressionnée samedi soir par le slameur "Grand corps malade", Fabien Marsaud de son vrai nom, qui a été récompensé de deux prix aux "Victoires de la musique". Sa "chanson" "Rencontres" raconte sa vie et vous laisse sans voix ... Pourtant, ce n'est pas du tout mon style mais ce grand garçon à la belle voix grave et aux beaux yeux bleus m'a prise aux tripes. Je me demandais pourquoi Charles Aznavour ne jurait plus que par lui, maintenant je le sais.


Grand Corps Malade aurait pu être un de ses titres, mais c’est son nom de scène. Surprenant au premier abord, le nom de scène qui sonne sioux et totem, façon « Danse avec les loups », s’explique en un coup d’œil. Fabien, c’est un grand corps à trois jambes : les siennes, martyrisées lors d’un accident, et la béquille qui le soutient et rythme sa claudication. Grand Corps Malade, c’est un surnom où se mêlent gravité et humour, comme dans les compositions de ce jeune artiste.

Fabien, avant de devenir un grand corps malade, est un petit garçon plein de vitalité. Il voit le jour le 31 juillet 1977, à la Seine-Saint-Denis. Sioux dès l’enfance, sa mère le surnomme « Petit Chaton Bleu » à cause de ses grands yeux azur. Le chaton grandit bien – tellement bien qu’il se retrouve devant les paniers de basket - et ne craint pas l’eau. Mais la piscine, quelques jours seulement avant ses 20 ans, va bouleverser sa vie. Un plongeon mal réceptionné va briser son corps athlétique et ses rêves de sport. Le corps malade de plusieurs fractures est évacué par hélicoptère. A l’hôpital, la sentence est terrible : Fabien ne devrait plus jamais remarcher. Avec sa volonté de sportif, Fabien combat sa tétraplégie. Même s’il garde aujourd’hui des séquelles de son accident, l’homme à trois jambes remarche.

Pendant sa rééducation, les mots qui lui ont toujours servi à écrire des histoires lui servent de thérapie. Après s’être baptisé, en 2003, Grand Corps Malade, il va partager ses textes dans les petits bars parisiens. L’ancien basketteur devient alors slammeur. Avec sa voix grave et ses textes loin des clichés, Grand Corps Malade se fait une réputation qui lui permet de passer du zinc aux premières parties – d’Elie Semoun ou d’Edouard Baer, par exemple.

En 2006, son slam dépasse les normes en sortant en CD, en dépassant parfois les trois minutes ou en ne se contentant pas de l’ a cappella. « Midi 20 » - titre qui ne fait pas référence à l’heure de son accident, contrairement à ce que certaines rumeurs pouvaient prétendre – fait découvrir au grand public sa voix grave et sa poésie d'un nouveau genre. Les textes de Grand Corps Malade ne sont pas chantés, mais lus. Le chant est dans sa voix basse, les cordes et les choeurs qui l’accompagnent et ses métaphores. La vie, la ville, l’amour, tout inspire la rime à ce slammeur élégant qui pendant « Les voyages en train » va se « dégourdir le cœur ». Ce Grand Corps Malade livre des notes optimistes et des mots qui sortent de l’habitude : quand il se fout de quelque chose, il ne s’en bat pas les couilles, mais les reins.

Le 10 mars 2007, il remporte deux Victoires de la musique. La première dans la
catégorie album révélation de l'année, la seconde dans révélation scène.


Rencontres

C’était sur une grande route, j’marchais là d’puis des jours
Voire des s’maines ou des mois, j’marchais là d’puis toujours
Une route pleine de virages, des trajectoires qui dévient
Un ch’min un peu bizarre, un peu tordu comme la vie
Evidemment j’étais pas tout seul, j’avais envie d’faire connaissance
Y’avait un tas d’personnes et personne marchait dans l’même sens
Alors j’continuais tout droit mais un doute s’est installé
Je savais pas c’que j’foutais là, encore moins où j’devais aller
Mais en ch’min au fil du temps j’ai fait des sacrées rencontres
Des trucs impressionants, faut absolument qu’j’vous raconte
Ces personnages que j’ai croisés c’est pas vraiment des êtres humains
Tu peux parler avec eux mais jamais leur serrer la main
Tout d’abord sur mon parcours j’ai rencontré l’innocence
Un être doux, très gentil mais qui manque un peu d’expérience
On a marché un p’tit moment, moins longtemps que c’que j’aurais cru

J’ai rencontré d’autres éléments et l’innocence a disparu
Un moment sur mon ch’min, j’ai rencontré le sport
Un mec physique, un peu grande gueule mais auprès d’qui tu d’viens fort
Pour des raisons techniques on a du s’quitter c’était dur
Mais finalement c’est bien comme ça, puis l’sport ça donne des courbatures
J’ai rencontré la poésie, elle avait un air bien prétentieux
Elle prétendait qu’avec les mots on pouvait traverser les cieux
J’lui ai dit j’t’ai djà croisée et franchement tu vaux pas l’coup
On m’a parlé d’toi à l’école et t’avais l’air vraiment relou
Mais la poésie a insisté et m’a rattrapé sous d’autres formes
J’ai compris qu’elle était cool et qu’on pouvait braver ses normes
J’lui ai d’mandé tu penses qu’on peux vivre ensemble ? J’crois qu’j’suis accroc
Elle m’a dit t’inquiêtes le monde appartient à ceux qui rêvent trop
Puis j’ai rencontré la détresse et franchement elle m’a saoulé
On a discuté vite fait mais rapidement je l’ai r’foulée
Elle a plein d’certitudes sous ses grands airs plein d’tension
Mais vous savez quoi ? La détresse, elle a pas d’conversation

Un moment sur ma route j’ai rencontré l’amour
J’lui ai dit tiens tu tombes bien, j’veux t’parler d’puis toujours
Dans l’absolu t’es une bonne idée mais dans les faits c’est un peu nul
Tu pars en couille une fois sur deux faudrait qu’tu r’travailles ta formule
L’amour m’a dit écoute petit ça fait des siècles que j’fais mon taff
Alors tu m’parles sur un autre ton si tu veux pas t’manger des baffes
Moi j’veux bien être gentille mais faut qu’chacun y mette du sien
Les humains n’font aucun effort et moi j’suis pas un magicien
On s’est embrouillé un p’tit moment et c’est là qu’j’me suis rendu compte
Que l’amour était sympa mais que quand même il s’la raconte
Puis il m’a dit qu’il d’vait partir, il avait des rendez-vous par centaines
Que ce soir il d’vait diner chez sa d’mi-soeur : la haine
Avant d’partir j’ai pas bien compris, il m’a conseillé d’y croire toujours
Puis s’est éloigné sans s’retourner, c’était mes derniers mots d’amour
J’suis content d’l’avoir connu, ça j’l’ai bien réalisé
Et je sais qu’un d’ces quatre on s’ra amené à s’recroiser
Un peu plu stard sur mon ch’min j’ai rencontré la tendresse

Ce qui reste de l’amour derrière les barrières que le temps dresse
Un peu plus tard sur mon ch’min j’ai rencontré la nostalgie
La fiancée des bons souvenirs qu’on éclaire à la bougie
Assez tôt sur mon parcours j’avais rencontré l’amitié
Et jusqu’à c’jour, elle marche toujours à mes côtés
Avec elle j’me tape des barres et on connaît pas la routine
Maintenant c’est sûr, l’amitié, c’est vraiment ma meilleure copine
J’ai rencontré l’avenir mais il est resté très mystérieux
Il avait la voix déformée et un masque sur les yeux
Pas moyen d’mieux l’connaitre, il m’a laissé aucune piste
Je sais pas à quoi il r’semble mais au moins j’sais qu’il existe
J’ai rencontré quelques peines, j’ai rencontré beaucoup d’joie
C’est parfois une question d’chance, souvent une histoire de choix
J’suis pas au bout d’mes surprises, là d’sus y’a aucun doute
Et tous les jours je continue d’apprendre les codes de ma route

C’était sur une grande route, j’marchais là d’puis des jours

Voire des s’maines ou des mois, j’marchais là d’puis toujours
Une route pleine de virage, des trajectoires qui dévient
Un ch’min un peu bizarre, un peu tordu, un peu comme la vie.

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