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Le petit monde de Coquelicot
30 avril 2012

Eric Charden est mort

charden

La star des années 70 faisait un tabac dans la tournée « Age ­tendre ». Un cancer l’ a terrassé. Sa femme a juré de le sauver. Relisez l'interview exceptionnelle qu'avaient accordée Eric Charden et son épouse à Paris Match en janvier dernier.

Paris Match. Eric, vous qui êtes si discret depuis un an sur votre état de santé, vous acceptez aujourd’hui de recevoir Paris Match. Pourquoi ?
Eric Charden. Parce que j’en ai eu assez d’entendre toutes les inepties qui circulent sur mon compte. Sans que personne ne m’ait jamais rencontré ou ­interrogé, on me prétend mourant, ­atteint d’un cancer du foie. Cet entretien me donne l’occasion de dire la ­vérité, de remettre les pendules à l’heure.

Alors, qu’en est-il exactement ?
Eric. Je suis atteint d’un cancer des ganglions – du système immunitaire, si vous voulez – et j’entame la semaine prochaine mon quatrième protocole de chimiothérapie.

Quand la maladie s’est-elle déclarée ?
Eric. Il y a un an, très précisément le lendemain de Noël. Depuis le début du mois de décembre, je me sentais très ­fatigué. Je n’avais plus d’envies, plus d’appétit, et une petite fièvre insidieuse s’était installée. J’ai fait un check-up. Tout était normal, à part un taux d’inflammation relativement élevé. Je me suis dit : “Tu as 68 ans, tu fais des concerts sans arrêt, tu es fatigué. C’est logique.” Le 26 décembre, ma température est montée à 40 °C. Mais le médecin me ­disait de ne pas m’inquiéter, puisque rien de grave n’apparaissait dans les analyses.

Et ensuite ?
Eric. De jour en jour, je déclinais. Et puis ? [Il se tourne vers sa femme.] ­Raconte, Gabrielle. Je ne me souviens plus de rien, puisque je suis tombé dans une sorte de coma.
Gabrielle. Le 30, un de ses fils l’a transporté aux urgences de l’Hôpital américain. Là, d’autres analyses ont été faites et la maladie de Hodgkin a été diagnostiquée. Jusque-là, personne n’avait pensé à cette forme de cancer qui, d’ordinaire, frappe les gens entre 30 et 40 ans. Eric a été traité très tardivement.
Eric. En tout cas, je peux dire que je l’ai vue, cette grande lumière dont parlent ceux qui arrivent aux portes de la mort. Je gravissais de hautes marches qui menaient à quelque chose de très lumineux. J’étais accompagné par une petite fille, prénommée Luciole, qui prétendait être mon ange gardien. A mi-hauteur se trouvait une sorte de bar où, à une même table, étaient assis Fénelon, La Fontaine et Bossuet. Tout à coup, je fus ramené sur terre. Une voix ordonnait : “Débranchez-moi tout ça !” C’était un médecin qui m’emmenait faire des biopsies. Je ne sais pas si vous devez écrire ça… Les gens vont me prendre pour un fou !
Gabrielle. Lorsque la biopsie a confirmé le diagnostic, je me trouvais dans la chambre d’Eric avec sa fille ­Nolwenn, que j’avais amenée voir son père à l’hôpital pour la première fois. L’émotion a été très difficile à gérer. Dès le lendemain, Eric a été transféré à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif.
Eric. Je me sentais plutôt mieux, la fièvre était tombée grâce aux corticoïdes. Puis le médecin m’a dit : “On est samedi. Lundi, vous commencez la chimio.” J’ai répondu : “Déjà ?” Il a rétorqué : “Si on ne commence pas tout de suite, vous êtes mort dans huit jours.”

Comment supportez-vous votre traitement ?
Eric. Jusqu’à présent, mal. Le troisième protocole, qui durait depuis juillet, a été terrible. Je suis resté dix jours à l’hôpital, n’ayant plus la force de me lever ni d’avaler quoi que ce soit. Une fois rentré chez moi, il m’était interdit de mettre le nez dehors car je n’avais plus aucune défense immunitaire. Les gens qui venaient me rendre visite devaient porter un masque.

A quoi occupiez-vous vos journées ?
Eric. A écrire, à peindre, quand j’en avais la force. Avant d’entamer ce troisième protocole si pénible, j’ai réussi, dans le studio de ma maison, à réaliser un album de duos avec Stone, qui va sorti chez Warner et sur lequel on trouvera aussi bien “Dieu est un ­fumeur de havanes” de Gainsbourg que “J’ai un problème” de Johnny et Sylvie. Sinon, il faut savoir que cette maladie est un combat qui ne se mène pas seul. J’ai la chance d’avoir une famille qui m’aime et me porte. Ma femme ­Gabrielle, bien sûr, et aussi mes enfants. Nolwenn, dont j’ai obtenu la garde intégrale depuis l’âge de 2 ans, Baptiste, mon aîné, que j’ai eu avec Stone, Maxime et Frankie, un garçon qui n’a pas eu de papa et que j’ai adopté quand il avait 14 ans.

Avez-vous l’impression que la maladie a modifié certains aspects de votre caractère ?
Eric. Très certainement. Je suis devenu moins égoïste avec ma famille et rien, désormais, ne me rend plus heureux que de profiter de ma femme et de ma fille, ou de manger une tranche de jambon avec mon fils Maxime lorsqu’il passe me voir… Je ne pourrais même plus imaginer de les laisser pour partir trois mois en tournée, comme cela était le cas avant. Je ne reçois plus les gens à qui je n’ai rien à dire, je ne me force plus à rien. Cette maladie met pas mal de choses au point. Quand on a ça, on se fout du ­paraître. On ne s’attache qu’à la sincérité. Maintenant, chaque matin est un nouveau bonheur. Chaque moment est précieux. On devient conscient de l’importance de chaque journée, de chaque nuit passée auprès de l’être aimé.

« Maintenant, chaque matin est un nouveau bonheur. Chaque moment est précieux »

Durant ces longs mois d’isolement forcé, votre téléphone a-t-il continué à sonner ?
Eric. Oui, beaucoup. Même si j’étais trop fatigué pour répondre et ­dirigeais les ­appels vers le numéro de Gabrielle. ­Michel Drucker a été formidable. Il venait me voir tout le temps et a même fait un aller-retour depuis le Midi, où il se trouvait en vacances cet été, pour me rendre visite. Hervé Bergerat, mon éditeur, m’a également beaucoup soutenu.

Vous êtes en train d’écrire un ouvrage autobiographique, “La fille d’en face”, qui mêle l’histoire d’amour de vos parents à celle que vous vivez avec Gabrielle, votre épouse depuis onze ans…
Eric. Parce qu’il s’agit de deux histoires exceptionnelles. Ma mère était tibétaine. Orpheline très jeune, elle a été adoptée par des bonnes sœurs françaises qui l’ont appelée “Miette”, mélange d’Henriette et de “Min hoï”, qui signifie “Chérie” en chinois. Chaque année, l’orphelinat ­organisait une grande soirée à ­Haiphong, où étaient invités tous les ­notables de la ville. Cette année-là, mon père, ami de Malraux, en faisait partie en qualité de directeur de tous les ports de France et d’outre-mer. C’est lors de cette soirée qu’il est tombé amoureux fou de ma mère, de sa beauté, de ses 18 ans. Il a décidé de l’épouser. Je suis né à la frontière chinoise.

Votre mère a joué un rôle très important dans votre vie…
Eric. Oui, car, lorsque j’ai eu 8 ans, mon père, à cause de la guerre avec les ­Japonais, nous a envoyés en France, ma mère et moi. Il est resté là-bas, où il a ­finalement refait sa vie. J’ai donc été élevé par cette femme exceptionnelle.

… Elle est aussi à l’origine de votre rencontre avec Gabrielle.
Eric. Une rencontre qui date de 1984. En se promenant dans un champ près de notre maison de campagne, dans l’Eure, ma mère croise une jolie jeune fille blonde aux yeux bleus, avec qui elle sympathise, et lui propose de l’accompagner dans ses promenades quotidiennes. Cette jeune fille, c’était Gabrielle.
Gabrielle. Au fil de nos balades, notre complicité devenait de plus en plus forte. Elle me répétait souvent : “Il faut absolument que tu rencontres mon fils Eric !” Moi, je ne savais pas du tout qui était Eric Charden, car mes parents étaient des Berlinois établis en France qui ne regardaient pas beaucoup la télé. Ce qui est fou, c’est que, le jour où elle m’a présenté Eric, j’ai vu en lui l’homme de ma vie. En même temps, je savais cet amour impossible car il n’était pas libre. Pendant des années, j’ai aimé et souffert en silence. Qu’il me regarde ou me sourie de temps à autre suffisait à me rendre heureuse.

Cela veut-il dire que, durant des années, vous vous êtes satisfaite d’un amour platonique ?
Gabrielle. Oui. J’étais incapable de m’intéresser à un autre homme, au grand ­désarroi de ma famille et de mes amis qui se désespéraient de me voir si malheureuse. Mes proches s’évertuaient à me présenter des garçons que j’éconduisais. Pour oublier Eric, j’ai même fini par accepter un travail à des milliers de kilomètres. Cela n’a servi à rien : je pensais toujours à lui…

Et vous, Eric, lorsque vous vous séparez de votre compagne, vous mettez encore des années à unir votre vie à celle de Gabrielle, dont vous êtes pourtant amoureux…
Eric. A cette époque, j’étais englué dans d’énormes problèmes financiers et je ne voulais en aucun cas faire vivre cette galère à Gabrielle. C’était une fille trop bien pour cela. Gabrielle est la femme de ma vie et jamais je n’ai été aussi heureux en amour. Je ne sais pas ce que je serais devenu sans elle, qui fait tout pour moi. C’est elle qui m’accompagne, physiquement et ­moralement.

Au fil de cet entretien, vous semblez avoir retrouvé un certain optimisme.
Eric. Répondre à vos questions me fait du bien. Après cette année horrible, c’est un peu comme si je prenais un nouveau départ. Et puis, surtout, j’ai confiance en ce nouveau traitement que je commence la ­semaine prochaine. Mon cancer est de ceux qui guérissent. Je tiens à ­remercier les ­professeurs David ­Machover, Emma Goldschmidt et Pauline Brice, qui me conduisent vers cette guérison. Grâce à l’énergie et à la force que je perçois tout autour de moi, il se pourrait bien que je sois rétabli au printemps.Point final

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