Randonnée à Courgoul
Le beau temps et la chaleur sont revenus. Nous n'allions pas laisser passer une si belle occasion d'aller nous ressourcer dans la nature. Mon choix s'est porté sur une randonnée de 3 heures à Courgoul, intitulée sur le livre "le chemin des bergères" mais avec le casse-croûte et les arrêts photos, je savais que ça ferait plus.
Le village de Courgoul :
La randonnée s'est révélée plus difficile que prévu car elle débutait par 1 h 30 de montée raide et continue.
Bien que j'ai revêtu la tenue d'été, short, tee-shirt, chapeau et lunettes de soleil, j'ai transpiré à grosses gouttes.
Sur le parcours, il y avait des laves émaillées expliquant ce qu'il y avait à voir. Voici pour la première :
Le bourg de Courgoul, le chant rapide de la Couze, la rude montée bordée d'arbres et d'une chênaie, des gorges hérissées de rochers abrupts où planent de majestueux rapaces, un superbe panorama, le village d'Auzolette au passé plus riche qu'il n'y paraît, l'échappée belle vers la chapelle de Brionnet, un point de vue sur les pailhats, symbole de la persévérance des hommes de ce terroir ... que de diversité au coeur du Parc des Volcans d'Auvergne.
J'ai pris quelques photos d'orchidées :
De fraises des bois en fleurs :
De violettes (vous avez vu la petite araignée en haut de la photo ?)
Une fleur jaune dont j'ignore le nom :
Des champs de pissenlit :
Des genêts parfumés :
Les arbres étaient en fleurs :
Un peu d'infos sur la chênaie :
Le chêne est, parmi les feuillus, l'arbre roi. On devrait plutôt employer le pluriel tant les variétés sont multiples et diverses. Quoi de commun entre les futs majestueux de Tronçais, les chênes verts du bassin méditerranéen, les chênes rouges d'Amérique au feuillage flamboyant et le chêne sessile qui pousse sur ce pierrier ?
Cette essence est ici bien adaptée. Elle supporte les sols pauvres et secs et colonise bien ces espaces. Ce vallon en forte pente, au sol instable, n'était propice ni à l'élevage ni à la culture.
Dès lors, seule la forêt offrait quelques avantages. La destination principale est le bois de chauffage. Chaque année, les prélèvements nécessaires sont réalisés. Quelques années plus tard, un rejet jaillit à nouveau de la souche et ainsi de suite. N'oublions pas que, lors de la deuxième guerre mondiale, tout ce secteur vit proliférer les charbonniers qui produisaient du charbon de bois.
Nous avons vu les premiers papillons et des fourmis par milliers :
Peu visibles, les insectes trouvent en forêt un milieu propice à leur développement. Certains constituent de réelles menaces, dévoreurs de feuilles et d'écorce, mineurs de bois, buveurs de sève, larves, chenilles ou adultes peuvent provoquer de véritables ravages. A l'inverse, les fourmis des bois, par leur appétit redoutable, contribuent à maintenir un salutaire équilibre. Une fourmilière consomme en effet 1 kilogramme de proies par jour. Dans certains pays (Suisse, Italie), les forestiers procèdent même à des déplacements de fourmis dans les forêts attaquées. Enfin, dans les zones forestières les plus fraîches, on peut observer deux papillons bien présents à Courgoul, le grand Mars et le petit Sylvain.
Nous avons vu également des vaches, des veaux et un taureau très impressionnant :
Sur fond de Sancy enneigé :
Michel :
Une maman et ses deux petits :
Sur ces terres souvent trop pauvres pour les céréales, venaient paître des troupeaux, en particulier de moutons.
Tout comme le sel, l'eau est indispensable à la vie des bêtes. Ici, elle vient de sources captées, canalisées et la qualité en est renommée. Quant aux nombreuses "cabanes", leur objet était sans doute de servir d'abri. Le 18 mai 1934, l'historien J. Sillons écrivait : "les auvergnats détestent recevoir l'eau sur le dos sous forme de pluie. Et cela les a induits à construire ces abris, à la fois ingénieux et simples, faits de pierres superposées."
Ainsi, en bâtissant ces modestes constructions, les habitants combinent les avantages : ils jardinent leur terre, gardent les bêtes, épierrent le terrain et bénéficient d'un havre contre les intempéries et d'un lieu pour stocker du petit matériel.
A 870 m d'altitude, Auzolette est bien différent de Courgoul. Le terrain avoisinant est plus riche que celui exigu des gorges de la Couze. Ici on cultivait céréales (blé, orge, avoine) et légumineuses (lentilles). Mais l'exode rural a frappé ce hameau qui conserve les restes de batisses couvertes de chaume. Voici quelques décennies, Auzolette possédait encore café, épicerie, maréchal-ferrant, école. Entre les deux guerres, une fois l'an, la "fripe" animait le village : au printemps, une dame, originaire d'Auzolette, revenait de Paris avec des vêtements de la capitale. Ainsi, le goût de Paris n'avait plus aucun secret pour ces Auvergnats.
Autre "héros parisien" : en 1770, à 26 ans, Henri Ladmiral gagne la capitale. En 1794, il tente, sans succès, de tuer Robespierre ; il renouvelle sa tentative à l'encontre de Collot d'Herbois. En vain. Aussitôt arrêté, il est guillotiné.
Un coq et une poule d'Auzolette :
Le pic de Cluzel :
La Chapelle de Brionnet, la sentinelle du Dauphiné d'Auvergne. Semblable à un doigt dressé vers le ciel, le clocher est un repère immuable pour les villageois alentour. Le pic de Brionnet est âgé de 3 à 5 millions d'années. Ce vestige d'une ancienne cheminée volcanique était alors noyé sous un lac de lave. Les roches dures de ce piton basaltique l'ont protégé de l'érosion et c'est lui qui, désormais, règne à 927 mètres.
A l'époque médiévale, une fortification surveille et protège la vallée de la Couze Pavin. Enfin, au XVIIème siècle, est édifiée la chapelle sur la couronne des orgues basaltiques. Elle est dédiée à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, ordre contemplatif, fondé en Syrie au XIIème siècle.
Le dimanche suivant le 16 juillet, fête de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, un pèlerinage honore la Vierge au sommet du pic.
Le pic de Brionnet et sa chapelle :
Les pailhats, un témoignage du passé pour un avenir vivant.
De l'autre côté de la Couze, des vestiges de murettes escaladent la montagne. Sur la pente boisée du pic de Cluzel, l'homme, en bâtissant ces pailhats, a gagné des terres cultivables. Il faut rappeler qu'un texte de 1770 énonce que "la moitié de la paroisse crève de misère". Le salut passe par la maîtrise de l'eau, l'épierrage, la construction de terrasses et leur mise en culture. Pour grimper ces murets qui atteignent jusqu'à 4 mètres, des escaliers sommaires traduisent l'ingéniosité des paysans.
Ces terres, gagnées sur la nature, abritaient de la vigne mais aussi des fruitiers (abricotiers, amandiers, pommiers, prunies, noyers), des primeurs (petits pois, fèves, asperges, fraises, pommes de terre). La crise du phylloxéra sera terrible pour cette polyculture élaborée mais fragile. Les pailhats tombent alors dans l'oubli ... jusqu'à ce que certains ne se lancent hardiment dans une action pour les sauver et, ainsi, faire revivre la vallée de Courgoul. La valorisation des pailhats est désormais effective. Chacun peut mesurer le travail déjà accompli en empruntant un sentier traversant les terrasses où sont à nouveau cultivés des plantes potagères et aromatiques, des vignes et un verger coopératifs.
Les pailhats :
La Couze Pavin :
Une jolie maison de Courgoul :
Une bien belle randonnée mais pas facile (montées et descentes font mal aux jambes). Je suis toutefois bien contente de l'avoir finie, avec des douleurs certes mais enfin j'y suis quand même arrivée.
La température était de 26 - 27 °C à 1000 m d'altitude. Exceptionnel pour un mois d'avril !