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Le petit monde de Coquelicot
7 avril 2008

Anne Vanderlove

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J'ai revu Anne Vanderlove, samedi, au salon "Livres et chansons" à Randan. Elle y présentait un livre "Mélancolitude" écrit par son amie Marie-Thé Brétel-Logan.

J'vous donnerai toujours ma guitare, et tout l'amour qu'il y a dedans, celui qui me vient des étoiles, du bout du monde, du fond du temps, mais prenez garde au temps qui passe, l'amour ne laisse pas de traces le souffle du vent les efface...

Elle a bien changé depuis qu'elle chantait "ballade en novembre".

anne_vanderlove

C'était en 1967. J'avais 15 ans.

Voici un lien pour écouter sa chanson la plus connue "ballade en novembre" :

http://www.dailymotion.com/video/x2ps9r_anne-vanderlove_music

Qu'on me laisse à mes souvenirs,
Qu'on me laisse à mes amours mortes,
Il est temps de fermer la porte,
Il se fait temps d'aller dormir
Je n'étais pas toujours bien mise
J'avais les cheveux dans les yeux
Mais c'est ainsi qu'il m'avait prise,
Je crois bien qu'il m'aimait un peu

REFRAIN
Il pleut
Sur le jardin, sur le rivage
Et si j'ai de l'eau dans les yeux
C'est qu'il me pleut
Sur le visage.

Le vent du Nord qui s'amoncelle
S'amuse seul dans mes cheveux
Je n'étais pas toujours bien belle,
Mais je crois qu'il m'aimait un peu
Ma robe a toujours ses reprises
Et j'ai toujours les cheveux fous
Mais c'est ainsi qu'il m'avait prise,
Je crois que je l'aimais beaucoup

REFRAIN

Si j'ai fondu tant de chandelles
Depuis le temps qu'on ne s'est vus
Et si je lui reste fidèle,
A quoi me sert tant de vertu ?
Qu'on me laisse à mes amours mortes !
Qu'on me laisse à mes souvenirs
Mais avant de fermer la porte,
Qu'on me laisse le temps d'en rire.
Le temps d'essayer d'en sourire

REFRAIN


Voici la vie d'Anne Vanderlove, racontée par elle-même :

Je suis née aux Pays-Bas, à La Haye, d'une mère d'origine bretonne et d'un père artiste peintre par goût et dessinateur industriel par nécessité. Lorsque mes parents ont divorcé, ma mère m'a ramenée en France et m'a confiée à mes grands-parents maternels en Bretagne.

Ceux-ci appartenaient au monde enseignant. J'ai reçu une éducation rigide. Ma grand-mère était assez sévère ; je me sentais plus proche de mon grand-père qui m'a appris à parler le français et à lire. Cette découverte de la lecture m'a poussée à dévorer la plupart des livres qu'il avait amassés dans le grenier. C'est ainsi qu'à huit ans, j'avais lu l'Iliade et l'Odyssée, et toutes sortes d'ouvrages que les enfants ne connaissent pas forcément à cet âge.

Mon enfance était très solitaire ; je ne suis allée à l'école qu'à partir de douze ans. J'ai ensuite fini ma scolarité normalement jusqu'au bac, puis j'ai commencé des études de philo durant lesquelles j'ai fait pas mal de petits boulots : ménages, pionne, instit...

En 1966, j'ai décidé de me rendre dans un camp humanitaire international au Chili. En attendant mon départ prévu pour décembre, j'ai débarqué à Paris, guitare en bandoulière. En me baladant, j'ai découvert le Quartier Latin et ses terrasses de cafés où de jeunes artistes chantaient en faisant la manche. Pourquoi ne pas en faire autant ?

J'ai composé "Ballade en Novembre" et "Les petits cafés", puis j'ai été engagée au cabaret "Chez Georges", rue des Canettes. Georges et Minouche formaient un couple exceptionnel ; ils accueillaient également Hélène Martin, Eva , GeorgesChelon... Je ne les remercierai jamais assez. J'étais leur "grande chèvre" ; ils craignaient que je ne mange pas à ma faim. Crainte justifiée : je gagnais vingt francs par jour; après avoir payé ma chambre et le jeune guitariste qui m'accompagnait, il me restait dix francs pour vivre toute la semaine.

Un directeur artistique de Pathé Marconi qui faisait la tournée des clubs et des cabarets en espérant dénicher de jeunes talents m'a entendue chez Georges et m'a demandé de venir passer une audition. Après cette audition, à la néophyte que j'étais, on a proposé de signer un contrat. Plus question de partir au Chili ; en février 1967, j'ai enregistré mon premier 45 tours, et tout s'est précipité.

En pleine époque yéyé, avec mes cheveux longs, ma voix claire, ma guitare et mes chansons tendres, je faisais penser à Joan Baez, et cette comparaison était plutôt flatteuse. J'étais une sauvageonne ; "Ballade en novembre" me propulsa dans le monde du show-bizz dont j'ignorais tout.

Chez un imprésario très connu, on m'a fait signer un contrat m'engageant pour une tournée de plusieurs mois. Selon ce contrat, je touchais deux cents francs par spectacle ; de ce salaire, je devais déduire dix pour cent de commission, payer les musiciens, les déplacements, l'hôtel, le restaurant...

Puis cet imprésario m'a littéralement "vendue" à des tourneurs plus ou moins délicats pour des sommes astronomiques à l'époque : entre six mille et dix mille francs, sur lesquels il me restait royalement cent quatre vingts francs ! Partout où je passais, j'étais accueillie comme une star, mais la star en question avait une garde-robe réduite, mangeait un sandwich de temps en temps, dormait dans une voiture achetée d'occasion et se lavait dans les douches municipales.

Cette inoubliable tournée, interrompue seulement par l'enregistrement de mon premier 33 tours : "Ballades en novembre", a duré de juin à décembre 1967. J'ai chanté en première partie de Claude François, Rika Zaraï, Pierre Perret, les Haricots Rouges... Et pour moi, chanter, c'était le bonheur !

Une très grande joie, au cours de cette année : le Grand Prix de l'Académie de la Chanson Française m'a été attribué. Mon nom s'ajoutait à ceux de Marc Ogeret, Henri Gougaud, Anne Sylvestre, Georges Chelon... Pour Luc Bérimont dont chacun redoutait les critiques, nous représentions "une tendance vers l'exigence et la pureté qui désintoxique de tant et tant de concessions, de fabrications, de calculs, de fadaises."

"Les petits cafés", "La fontaine de Dijon"... toutes ces premières chansons, à mon avis, étaient un peu mièvres. C'étaient des chansons de jeune fille.

En 1 968, je suis devenue l'une des égéries des étudiants. Je grimpais sur les barricades, j'allais chanter dans les usines en grève. J'y croyais complètement ! J'ai toujours été tout feu tout flamme pour combattre les moulins à vent ! Ma chanson "Ballade au vent des collines" collait à l'actualité ; interpréter Bob Dylan, Woody Guthrie et Joan Baez m'a valu l'étiquette de "chanteuse engagée". Pourtant, mes textes de chansons étaient toujours plus doux et plus romantiques que la réalité que je portais.

Des radios comme France Inter et Europe 1 me soutenaient. Pendant cette formidable année 1968, j'ai écrit beaucoup de chansons qui marchaient -et marchent encore- auprès du public.

En 1969, je suis allée présenter un nouveau disque dans une radio importante que je préfère ne pas citer. Là, on m'a fait des propositions qui n'avaient rien à voir avec la future programmation de mes titres ; j'ai répliqué par ma main dans la figure de mon interlocuteur. Cette réponse instinctive mais assez maladroite, et ma brouille avec Pathé Marconi et mon imprésario (je jugeais inacceptable de signer des contrats dans les conditions qui m'étaient proposées) m'ont valu d'être déconseillée sur les ondes.  Mes chansons n'ont plus été diffusées comme elles l'étaient auparavant. Cependant,  certains journalistes et animateurs ont tenu à les faire vivre,  plutôt la nuit...

Pour ces différentes raisons, j'ai mené ensuite, tout à fait involontairement, une carrière marginale et, pour beaucoup d'auditeurs, mon nom est lié à une seule chanson : "Ballade en novembre".

Après avoir participé à l'aventure mythique de "La mort d'Orion" avec Gérard Manset, je me suis lancée dans l'autoproduction.

Je me suis d'abord installée dans le Morvan, puis près de Perros-Guirec. J'ai noué des liens d'amitié avec Melaine Favennec, Gilles Servat... Les grandes stations radiophoniques m'ignoraient, mais je réapprenais à vivre en dehors de la capitale, je retrouvais le plaisir de rencontrer les gens, de leur parler après les galas...

Les chansons nées de mon coeur et de ma guitare ont voyagé avec moi aux quatre coins de la terre, du Japon au Mexique, de l'Egypte au Québec, de l'Europe à Terre-Neuve, des grandes capitales aux petits villages de France....

J'ai également donné des spectacles dans des endroits insolites (écoles maternelles, prisons, hôpitaux psychiatriques) dont les locaux n'étaient pas véritablement adaptés aux prestations scéniques...

Grâce à mes cachets, j'ai produit mes vinyles toute seule. J'ai enregistré une dizaine de disques -dont des chansons pour enfants- bien accueillis par le public.

En 1 981, mon ancien éditeur, Pathé Marconi , m'a contactée à nouveau pour un contrat ponctuel, et j'ai enregistré l' album : "La vie s'en va".

Malgré le silence des grands médias, cet album a obtenu l'"Oscar de laChanson Française".

Le titre "Mets un pied devant l'autre" qui y figure a également fait partie de la sélection destinée aux Ambassades de France pour représenter la Chanson Française à travers le monde. (Production INTERSONORE FRANCE)

En 1984, j'ai produit un nouvel album : "Partir", dont Roland Romanelli avait fait les arrangements et dans lequel il jouait ou du piano, ou du synthé, ou de l'accordéon.

En 1987, Baillemont Productions a  sorti une "compilation" sur 3 CD, actuellement "épuisée".

Une nouvelle compilation de 15 titres intitulée « Ses plus belles chansons » est sortie en novembre 2005.

Une situation familiale particulièrement douloureuse m'a tenue à l'écart de mon travail durant une grande partie de la décennie.

Heureusement, grâce à la chanson, j'ai pu surmonter ces difficultés.

1997   - De cette triste période de départs,  d'errances,  d'abandons,  de déchirures,  de solitude,  est né le CD "Bleus". 

En 1999, j'ai renoué avec mes racines bretonnes.

J'ai enfin retrouvé la sérénité.

Cette même année, j'ai enregistré le CD "Silver", dont les critiques parlent mieux que moi. J'ai bénéficié de la participation de musiciens exceptionnels : Marc Ambrosia (synthé, basse, percussions, enregistrement...), Erwan le Gallic (flûte), Marion Limosino (violon).

A la suite du naufrage de l'Erika, toujours sous la houlette de Marc Ambrosia, les enfants de l'école de La Rabine et moi avons collaboré à la création du CD "Pour que tous les oiseaux vivent heureux".

En 2000 est sorti le disque "Escales". Cet album entièrement acoustique a été enregistré avec le concours de musiciens et de techniciens qui se sont investis à mes côtés avec émotion et talent ; merci à eux, de tout coeur...

Autour de mes ballades et de mes guitares se sont installés des instruments parfois insolites : saxo en bois fait maison, tympanon iranien, cornemuse bulgare...

Et si j'ai choisi, pour dernière escale, un clin d'oeil-coup de coeur à Félix Leclerc, c'est que nos souliers ont beaucoup voyagé, que ceux que l'on aime ne nous quittent jamais vraiment, et qu'il nous reste la vie...

Le lundi 2 avril 2001, j'ai retrouvé l'accueil chaleureux du public de Bobino.

La vie continue, partagée entre l'écriture de nouveaux textes, la composition de nouvelles mélodies, les répétitions et les spectacles.

En novembre 2003, la joie apportée par la sortie nationale du disque "Femme de Légende" a été assombrie par la disparition de Marc Robine, ami de grand talent aux multiples facettes, qui en a assuré les arrangements ainsi que la direction artistique et musicale.

Parue en novembre 2005 chez Coop Breizh, la compilation "Anne Vanderlove - Ses plus belles chansons" signalée précédemment rassemble 24 titres enregistrés entre 1967 et 1997.

Novembre 2007 a vu la sortie :
  - du CD "La Renverse", produit lui aussi par Coop Breizh,
  - du livre  "Anne Vanderlove  Mélancolitude", biographie écrite par Marie-Thé Brétel-Logan (Editions Christian Pirot.)
Avant de refermer cette page, je voudrais dire tout le bonheur que j'ai à faire vivre mes chansons sur scène avec le violoniste Raphaël Chevalier et l'accordéoniste Stéphane Leberre, mes fidèles, discrets et talentueux musiciens. Je voudrais également exprimer toute ma gratitude à Marie-Thé, mon amie-attachée de presse-assistante, si dévouée et si efficace.

Pour moi, la chanson est une passion. J'ai le sentiment d'avoir des choses à dire, et la façon dont je les dis ou les chante touche les personnes qui sont en face de moi. Je suis révoltée de voir que de nombreux auteurs-compositeurs-interprètes, bourrés de talent, n'y "arrivent" pas parce qu'ils ne rentrent pas dans un système d'argent, de relations ou de copinage. A ce propos, je voudrais rendre hommage à Pascal Sevran qui accueille les artistes pour l'amour de la chanson. Si vous ne passez ni à la télé ni à la radio, vous restez un inconnu, et les organisateurs de spectacles refusent de vous prendre en craignant le bide financier.

Je suis attentive à ce qui se passe dans le monde et dans notre pays. Dans mon métier, je me suis attachée à défendre la chanson et la liberté d'expression. Je ne suis pas la femme politique que l'on a pu imaginer mais, comme la plupart d'entre nous, je rêve d'un monde de justice et de paix, responsable et citoyen.

Mon entourage me demande parfois si les difficultés que j'ai connues ne m'ont pas aigrie. Non, jamais. Je n'ai ni rancoeur, ni ressentiment. Je n'en veux pas à ceux qui ont été malhonnêtes envers moi, qui se sont approprié mes compositions ou qui ont exercé des pressions inacceptables. Cette absence d'aigreur me permet sans doute d'écrire des chansons encore "fraîches". Je pense que, comme dans la mythologie ou l'Antiquité, pour pouvoir se battre contre des pieuvres ou des dragons, il faut garder un coeur pur.

Malgré les disques vendus et les nombreux prix que j'ai reçus, je pense que je suis passée à côté d'une vraie carrière. Est-ce par maladresse, lorsque j'ai tourné le dos à toutes les magouilles de l'époque ? J'aurais pu, sans toutefois me compromettre, agir plus intelligemment. J'aurais aimé être comme Brassens ou Mouloudji. Je ne dis pas cela par vanité, mais pour le plaisir d'être "reconnue"... et puis, financièrement, la vie serait moins difficile.

Etre "reconnue" de nos jours, qu'est-ce que c'est ? Pouvoir faire des émissions de télévision , et passer fréquemment sur les grandes radios. Je fais partie de ces chanteurs peu médiatisés qui rencontrent leur public dans les salles de spectacles, et dont les CD se vendent aux "fidèles" ; ceux-ci ne les trouvent parfois qu'avec difficulté  dans le commerce et s'en étonnent, comme ils s'étonnent que de grandes sociétés de  distribution boudent la chanson de qualité.
Ma gratitude va aux radios régionales ou parisiennes libres de leurs programmations, qui nous diffusent toujours, contre vents et marées !!!
 

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Commentaires
C
Longue route à Radio Gazelle ! Je suis contente qu'il y ait encore des personnes qui passent sur les ondes les chanteurs moins médiatiques ou ceux qui refusent d'être médiatisé. Mon mari et moi allons voir beaucoup de concerts dans des petites salles et nous aimons ces contacts privilégiés avec des chanteurs de talent mais pas trop connus.
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J
j'avais 8 ans en 1967, mes parents avaient acheté le 33 tours d'Anne Vanderlove, on l'a écouté, il nous a ému + +, on l'a réécouté des centaines de fois...<br /> Devenu adulte, dans mes émissions sur des radios associatives,, ici, à Marseille, j'ai souvent diffusé plusieurs de ses chansons ; je compte bien récidiver dès que le CSA redonnera une fréquence à Radio Gazelle ...
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C
Je viens de mettre sa biographie. Tu sauras ainsi ce qu'elle a fait depuis 1967. Bisous.
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M
bonjour coquelicot <br /> j ai bcp aimé cette chanson et bcp chanté : qu on me laisse a mes souvenirs..<br /> et puis on n a plus entendu parler d elle ou j ai loupé des episodes ?<br /> <br /> gros bisous Mireille
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