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Le petit monde de Coquelicot
11 novembre 2007

Concert de Magyd Cherfi

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Hier soir, à Cébazat, concert de Magyd Cherfi, ex-chanteur du groupe Zebda, qui fait une carrière solo depuis quelques années maintenant.

Nous avons passé un très bon moment. C'est un garçon très gai, très chaleureux, très généreux.

Il y avait aussi le groupe Syrano (en première partie) que nous n'avons pas du tout aimé (donc pas de photos).

Voici quelques photos prises par Michel après le concert. Magyd prend le temps de discuter avec tous ses fans, c'est un garçon gentil et attentif. Sur la photo ci-dessous, j'en ferme les yeux de bonheur !!!

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Magyd Cherfi, né à Toulouse le 4 novembre 1962, est un chanteur et écrivain français d'origine algérienne, de la région de Kabylie (kabyle), membre du groupe Zebda.

Il passe son enfance à Toulouse. Dès le lycée, il écrit des scénarios de films amateurs, mais après un échec au concours d'entrée de l'IDHEC (Institut des Hautes Études en Cinéma), il commence à chanter avec des amis, et constitueront plus tard le groupe Zebda. Il contribue également de manière importante à l'écriture des textes du groupe.

Lorsque Zebda s'arrête en 2003, il réalise un album solo, La cité des étoiles, qui sort en mars 2004. Il écrit dans le même temps un recueil de nouvelles à caractère autobiographique, Livret de famille. Son nouvel album Pas en vivant avec son chien est sorti le 10 avril 2007. À cette occasion, le chanteur toulousain, déjà bien connu pour ses prises de position politiques au sein du mouvement Motivé-e-s et sa candidature aux élections municipales, mène sa campagne dans l'univers virtuel Second Life. Par ailleurs, pour l'élection présidentielle de 2007, Magyd Cherfi a été un soutien officiel de José Bové.


Le monde selon... Magyd Cherfi (une interview qui date de 3 ans)

Rencontre avec un personnage complexe et attachant, sincère et poétique, revenu de pas mal de choses, mais toujours partant.

Après dix-huit ans de vie commune, quatre albums et plus de mille concerts avec Zebda, tu as décidé de mener une démarche solo. Une décision qui n’a pas dû être simple à annoncer aux copains...

Effectivement. Quand je leur ai dit que je souhaitais prendre pleinement le temps de donner corps à mes projets personnels, j’ai senti le syndrome de la trahison m’envahir. Une trahison à la fois affective, artistique, idéologique et philosophique.

En mars dernier, sont parus simultanément Livret de famille, ton premier livre, et Cité des étoiles, ton premier album solo. Premier bilan ?

Étant surtout connu pour mes chansons, je m’attendais davantage à une adhésion du public sur l’album que sur le livre. C’est le contraire qui s’est passé : Livret de famille a mieux fonctionné que Cité des étoiles.

Te voilà donc désormais reconnu comme auteur...

C’est une satisfaction immense. Car malgré l’image véhiculée par Zebda, je suis naturellement davantage un homme d’écriture qu’un homme de chant. À vrai dire même, je ne me sens absolument pas chanteur. Les gens sont tolérants, alors je continue... Là où je suis, moi, intransigeant, c’est sur le texte. Je ne supporte aucune médiocrité, j’ai besoin qu’il soit très travaillé.

Fin septembre à Toulouse, tu vas tout de même reprendre tout un répertoire de Brassens...
C’est un projet qui me tient énormément à cœur. Brassens, pour moi, c’est l’intelligence et la finesse du propos, la mélodie du chant. Et la philosophie qui se promène derrière.

Livret de famille est né d’un coup de fil d’Actes Sud, te demandant si tu n’avais pas quelques textes dans tes tiroirs... Une sacrée reconnaissance pour qui aime écrire !

Je suis incapable de mettre des mots sur ce que j’ai ressenti. Un plaisir extrême.

Si tu n’avais pas eu cette opportunité...

Je l’aurais cherchée !

Qu’aurais-tu publié ?

Livret de famille est un recueil de textes d’humeur, de souvenir, d’opinion. Adolescent, je rêvais d’écrire un roman. Mais depuis quinze ans que je passe mes journées à essayer de rédiger des trucs, je n’ai jamais réussi à me lancer ! Parce que c’est compliqué, un roman... De même, j’ai souvent dit que le cinéma m’intéressait. Non pas la réalisation, mais l’écriture d’un scénario. Là encore, le montage d’un film, c’est compliqué... La chanson rock offre l’avantage d’être immédiate, donc bien plus accessible : quatre ou cinq lignes peuvent suffire. Deux minutes, trois accords et le tour est joué. C’est pourquoi j’en ai vécu si longtemps.

Le fait d’avoir été publié et adoubé en tant qu’auteur ne t’aide-t-il pas désormais à avancer ?
Entendre le milieu de la littérature dire « tu es lisible » et obtenir un écho sur son écriture induit évidemment un déblocage psychologique. Maintenant, je me dis que je peux peut-être aller plus loin.

Des pistes ?

Rien de très précis ; mes réflexions sont tous azimuts ! Une idée forte me tient cependant à cœur : aborder, sous une forme ou sous une autre, l’histoire de l’immigration. Écrite à ma façon.

Qui ont été les lecteurs de Livret de famille : des fidèles de Zebda ?

Le public un peu « gauche intello » qui a été sensible à mon livre a effectivement toujours beaucoup acheté les albums de Zebda. N’oublions pas qu’à Toulouse, lors des dernières élections municipales, ce sont les bobos, et non les jeunes beurs de banlieue, qui ont porté le mouvement Motivé-e-s.


C’est un regret ?

Idéologiquement, effectivement, c’est un regret. Il ne faut pas se raconter d’histoire : quand on est exclu, on ne vote pas. Et dès qu’on est dans l’écrit, on ferme certaines portes... Néanmoins, si ces initiatives permettent de lancer une réflexion et d’initier un mouvement à un niveau ou à un autre, c’est toujours ça.

Tu t’es largement engagé dans des actions citoyennes. S’il le fallait, tu entrerais en politique ?

Absolument pas ! Certains de mes proches ont une étoffe idéologique et politique. Mon acuité est plus poétique, mon combat plus littéraire. Mon regard sur la politique est ambivalent. D’un côté, elle est incontournable : il faut des partis, et que les jeunes les intègrent. D’un autre, je crois davantage aux mouvements associatifs qu’au personnel politique, surtout là pour occuper un fauteuil, être élu et réélu.

En octobre, dans le cadre du festival Origines contrôlées, tu participes à un débat sur les visions stéréotypées des Français d’origine étrangère. Un thème qui te tient à cœur ?
Dans Livret de famille, j’évoque l’absolu que représentait pour moi, enfant, la francité. On souhaitait ardemment être français, dans tout notre être et nos comportements. On croyait à la République, à son idéal universel... Aujourd’hui, j’ai fini par admettre qu’on est français quand on est « blanc ». Car bien plus qu’on l’imagine, il y a « le monde blanc » et le reste. D’où la nécessité d’une réflexion sur les stéréotypes.

Dans Livret de famille, tu décris la douleur de la différence. Entre ton adolescence et ce qu’aujourd’hui tes enfants vivent, tu vois des évolutions ?
Des évolutions oui. Mais un enfant de troisième génération, même élevé loin des quartiers dans un grand confort intellectuel et matériel, reste encore, au fond, un indigène. Prénom, couleur de peau, circoncision... Très tôt, il se heurte au problème de la différence : « Qu’est-ce qui se passe, pourquoi je ne suis pas pareil ? ». Un tiraillement entre culture musulmane et judéo-chrétienne qui invite à la schizophrénie.

Quel lecteur es-tu ?

Je ne suis pas un rat de librairie. Comme beaucoup de lecteurs, je me décourage vite si les premières pages ne m’accrochent pas. En revanche, j’aime infiniment la littérature du XIXe siècle, qui a été fondatrice pour moi, ainsi que les épopées lyriques façon Gabriel García Márquez ou Amin Maalouf.

Si on te dit « voyages »...

Je suis très mauvais en voyages !

En ce moment, tournée oblige, tu passes tout de même beaucoup de temps sur les routes. Des moments, des sensations que tu apprécies ?

Maintenant que j’ai ouvert une branche individuelle, oui. Avec Zebda, on a beaucoup roulé en collectif. On a tout partagé... jusqu’à l’usure.

Vincent Sauvage, le batteur de Zebda, est parti sur les routes du monde pendant un an, avec femme et enfants. Une aventure qui pourrait te tenter ?

Je suis un sédentaire. Pour moi, « voyage » a longtemps été synonyme d’Algérie, le pays de mes parents. Et « ailleurs », synonyme de misère. Orient, Amérique centrale, Afrique... Je ne me vois pas me promener comme ça au milieu de gens vivant sous diverses dictatures, dans des misères diverses ; ça me rend coupable.

Pourtant, le voyage est souvent un moyen d’élargir son regard, de trouver l’énergie de se mobiliser...

Moi, j’ai tout tenté par rapport à l’Algérie : l’engagement, l’aide, la solidarité, le projet... D’un point de vue économique, politique, familial... J’en ai atteint les limites. Puis j’ai trouvé ma propre misère à mes côtés, avec des voisins, des copains RMistes, exclus, prisonniers. Si le voyage, c’est l’ouverture, la rencontre, le soutien, alors il est au pas de ma porte.

Tu parlais de sédentarité. C’est elle qui t’a fait rester à Toulouse ?

M’installer ailleurs ne m’a jamais traversé l’esprit. Car dans l’éducation que j’ai reçue, la fratrie passe au-dessus de tout. On ne se sépare pas de ses frères, on ne s’éloigne pas de ses sœurs, on protège ses parents, on se regarde, on vit ensemble. La relation aux frangins, c’est un truc extrêmement fort dont tu ne te débarrasses pas comme ça.

Ton identité occitane ?

Je la vis, je ne la revendique pas. Je me sens provincial.

Quelle relation entretiens-tu avec ta ville ?

Pendant dix ans, avec Zebda, on a enchaîné studio et tournée, studio et tournée, studio et tournée... Du coup, j’ai l’impression d’avoir perdu Toulouse. Je ne sais plus qui elle est. La seule réalité que je parvienne à appréhender, c’est celle d’un centre-ville bourgeois, fermé, commerçant, qui exclut les quartiers. Un centre-ville où je me sens aujourd’hui parfaitement étranger.

Ton livre et ton album solo sont volontairement plus sombres. Le sceau de la maturité ?

C’est vrai, ne proposer que des choses gaies et légères ne m’intéresse plus. Du coup, certains se sont empressés de dire : « Oh, le pauvre, il est malheureux... ». Je ne vis pas dans les larmes et le chagrin ! J’ai en moi de profondes colères, des violences terribles, mais mon quotidien est joyeux. J’ai des enfants, des amis... Le noir est une posture, un ravissement littéraire.

Tu restes donc un gars « sympa » ?

Bien évidemment ! J’ai stigmatisé ce mot dans une de mes chansons parce que je trouvais intéressant que le langage ait ainsi inventé un qualificatif pour faire de la place à des choses médiocres. C’était une boutade ; être « sympa » ne me pose évidemment aucun problème !


Propos recueillis par Réjane Ereau
Mise en ligne le 27 septembre 2004

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