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Le petit monde de Coquelicot
3 mars 2007

Agnès Bihl, j'adore !

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Hier soir, nous sommes allés voir et écouter Agnès Bihl que nous avions déjà vue au Sémaphore, en troisième partie. Le peu vu ce soir-là nous avait donné envie de la découvrir mieux. Nous n'avons pas été déçus. Cette petite nana pétille de malice. Sa voix un peu éraillée lui donne un charme fou. Ses chansons alternent du gai au triste. Celle sur l'inceste vous prend aux tripes ... Agnès, je te souhaite une longue carrière. Aznavour ne jure plus que par toi et j'espère qu'il saura t'imposer dans les émissions de télévision. Les photos de cet article sont les miennes, prises pendant le concert (sans flash pour ne pas déranger l'artiste).

J'ai pu parler à Agnès après le concert et je l'ai sentie très attentive à tout ce qu'on peut lui dire de positif. Elle vous scrute, elle écoute de ses deux oreilles et elle emmagasinne tout ce qui est bon pour elle. On la sent très à l'écoute et très demandeuse de positif. Et elle a raison !

Pour écouter Agnès, recopier ce lien ("Baby boom" chanté avec Tom Poisson) :

http://www.bihlzebuth.net/IMG/mp3/Baby_boom.mp3

Un extrait de la Berceuse insomniaque "en live" :

http://www.bihlzebuth.net/IMG/mp3/berceuse-2.mp3

Une vidéo de la première chanson écrite par Agnès : Joulik

http://www.bihlzebuth.net/spip.php?article36

Trois vidéos d'une interview d'Agnès Bihl par Serge Levaillant entrecoupée par des chansons interprétées sur scène, 26 mn de bonheur :

http://www.bihlzebuth.net/spip.php?article63

J'ai bien aimé cette citation d'Agnès : "on n'est jamais sûr d'être heureux en faisant ce qu'on aime mais on est sûr d'être malheureux en faisant ce qu'on n'aime pas"

Sur le site d'Agnès, vous pouvez écouter des extraits de toutes ses chansons :

http://www.agnes-bihl.com/

Et même sur Radio Canada, une interview d'Agnès par Monique Giroux :

http://www.radio-canada.ca/radio/emissions/document.asp?docnumero=15422&numero=1354

Révélation 2005 Académie Charles-Cros : Agnès Bihl : Merci Maman, merci Papa Naïve

Prix Félix Leclerc aux Francofolies de Montréal en 2006.


Il y a quatre ans, une gamine de 26 ans sortait un premier album, La terre est blonde. Sous ce titre, treize chansons révélatrices de la naissance d’une plume et d’un tempérament de feu. Agnès Bihl interprétait avec toute la conviction du monde ses historiettes douces-amères, de cette voix mi-femme mi-enfant qui la caractérise. Elle a choisi l’humour du désespoir et une certaine verve poétique pour raconter l’apparition du premier cheveu blanc, l’histoire d’une rebelle au Bois Dormant, et les premiers jours du mois de mai où vient le temps des week-ends en campagnes… électorales. Surtout, le disque en question débutait par une chanson engagée (et plus que jamais d’actualité), une critique au vitriol de la position de l’Eglise sur la contraception. « Oh, dis, Monsieur, qu’est-ce qui se passerait si la Sainte Vierge, elle avortait ? » Il fallait oser. La presse ne s’y est pas trompée puisque dans les colonnes de Télérama, on parlait « d’une petite femme effrontée », « d’une véritable implosion de la chanson » dans Libération, et « d’un talent de plume et d’une aisance scénique rare » dans Chorus.

En 2001, Agnès Bihl était donc très connue. Enfin, à part ces chroniques, elle jouissait surtout de la notoriété des rues. Elle s’y est en effet beaucoup produite, dans la rue, là où Charles Trenet s’était juré de faire descendre les poètes. Avec beaucoup de courage et un bout de répertoire réaliste en bandoulière, elle est devenue une véritable diva des terrasses de café, des manifestations, des carrefours qui sentent la bouche d’égout et des bouches de métro qui fleurent bon le dégoût. Evoquant ces années-là, elle parle de «sept années de galère». Elle se trompe, parce que du concert improvisé sur le pavé de Paname aux lieux de chanson de la capitale (ersatz des cabarets rive gauche des années 50), elle a appris son métier et compris qu’il y avait un lien non pas étroit mais indissociable entre l’écriture et la scène. Aussi, en tournant elle est tombée émerveillée sur des chansons d’Allain Leprest. Elle avait 23 ans, elle a écrit sa première ritournelle le soir même. Et puis, il y a eu une rencontre lumineuse avec Anne Sylvestre qui l’a chaleureusement encouragée lors de son passage au Sentier des Halles. Pendant ces sept années dites de «galère», le petit poulbot a fait ses classes, comme Brel à la Rose Noire de Bruxelles, Barbara à l’Ecluse ou Brassens chez Patachou.

Ni découragée, ni essoufflée, ni lasse mais vaillante, Agnès Bihl revient avec un nouvel album, réalisé et arrangé par Nicolas Montazaud. Où l’on reconnaît l’influence des anciens : Léo FERRE pour l’engagement, Anne Sylvestre pour le souffle féministe, et Renaud, et Brassens dont elle reprend « Complainte des filles de joie. » On y entend surtout une voix qui est celle de son temps, proche des artistes issus de la scène, de cette nouvelle chanson française à laquelle appartiennent Benabar, Sanseverino, Carla Bruni ou Lynda Lemay. Les textes sont signés Agnès Bihl (débutés entre deux échographies et achevés entre deux biberons), et les mélodies élaborées par le jazzman Giovanni Mirabassi et quelques autres. L’ensemble est étonnant de maturité. L’éditeur Gérard Davoust ne s’y est pas trompé. Inutile de rappeler que l’associé de Charles Aznavour aux Editions Raoul Breton a été parmi les premiers à découvrir bouche bée Renaud et Mort Schuman. Il est aussi à l’origine de la carrière française de Lynda Lemay, qu’il édite et manage. À présent producteur d’Agnès Bihl, ce dénicheur de talents avoue qu’il a été séduit par cette écriture personnelle, ciselée et incisive qui attire l’attention d’emblée, c’est vrai. Agnès Bihl, 30 ans déjà, a l’art du raccourci, de la formule, du jeu de mot et du mot juste pour exprimer des situations de la vie quotidienne. Ce qu’on attend d’un grand auteur de chansons en somme. Un album rythmé, avec des thèmes rarement abordés en chanson comme la méchanceté, l’adolescence ou les enfants du divorce.

Texte pris sur son site.


L'ENCEINTE VIERGE

Dans les cités, les bidonvilles
    Le pape bénit la pauvreté
    Ça passe le temps, ça tient tranquille
    Ceux qui n'ont plus à becqueter
    Et puis le très Saint-Père a dit
    De faire des gosses même séropos
    Ils iront vite au Paradis...

Ceux qui ont d'la moralité
    Montent des gangs, des commandos
    Pour faire naître ceux qu'ils vont taxer
    Plus tard d'être des enfants d'salauds
    Les bien-pensants, les bonnes chrétiennes
    Vont s'occuper d'ces petites garces

    Le temps qu'éclosent leurs mauvaises graines
    Qu'on oublie après à la DASS

Oh dis Monsieur qu'est-ce qui s'passerait
    Si la Sainte-Vierge elle avortait
    Sans l'Paradis ce s'rait p'têt mieux
    S'te plaît fais-moi rêver un peu

Ils se protègent sous leur tonsure
    Et revendiquent leurs p'tites calottes
    Sans doute pour eux que c'est plus sûr
    Que d'nous laisser mettre des capotes
    Pas la peine d'avoir son certif
    Pour nous faire docilement gober
    Qu'Satan est séropositif
    Comme tous ceux qui l'ont bien cherché

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C'est son vrai nom et elle l'aime bien, malgré les calembours faciles qu'il lui a valus dès l'école. Sa "mythologie" est ailleurs : un arrière-grand-père (Adolphe Villette) fondateur de L'Illustration - et de l'imagerie de Montmartre où elle habitera aussi -, une grand-mère peintre, au talent aussi "monstrueux" que méconnu. Comme eux - pour eux en quelque sorte -, elle choisira l'artistique malgré des parents intellectuels qui la voient bien prof de lettres. En fait, Agnès, qui rêve depuis l'enfance de devenir comédienne, va plonger "par hasard" dans la chanson...

La chanson, elle l'a toujours fréquentée sur son phono via Brassens, Brel ou Renaud, ce dernier - qu'elle adore... - lui semblant inaccessible : "Pour moi, la chanson, c'étaient les tubes, le show-biz, ou des gens morts." Etudiante, elle se met donc à écrire des contes, jusqu'au jour où son copain, qui chante et joue de l'accordéon, l'entraîne au cabaret libertaire parisien La Folie en Tête, pour voir un certain Leprest. Coup de foudre, révélation : la chanson, ça vit autrement qu'en disque ! La nuit même, Agnès écrit sa toute première ("Joulik", clin d'oeil à la très slave "Maman, j'aime un voyou") en se disant : "Puisque ça existe, il est hors de question que je ne fasse pas partie de l'aventure !" Elle a alors vingt-trois ans.

Attirée par toutes les formes artistiques, elle a trouvé sa voie, l'expression "qui allie le plus aisément et de la manière la plus évidente" ses deux passions premières : l'écriture et la scène. Après un baptême chansonnier au Limonaire en 1998, sa griffe verbale et son tempérament scénique emballent tellement qu'on l'invite illico en premières parties (de Leprest à Dikès et Cie) en passant par une Anne Sylvestre aux anges : "Elle manie les mots comme des couteaux, elle envoie ses sourires comme des grenades." En à peine un an, Agnès se constitue un répertoire... et si quelques couplets se bousculent un peu au portillon d'une voix encore en friche, l'ensemble révèle une invention et une rigueur d'écriture constantes : "J'ai tendance à reprendre trente fois les mêmes phrases, et je tiens à ce qu'il y ait trois aspects dans mon tour de chant : les chansons d'images - plutôt poétiques -, l'humour et le côté militant, plus au sens de la révolte que de l'engagement politique."

La p'tite Bihl... elle est malade de la saloperie d'un monde où les femmes dégustent plus qu'à leur tour... Derrière la provocation "couillue" de son "Joli moi de mai" ou de "L'enceinte vierge" ( !), écoutez sa "Fleur du large" à la Brecht ou son terrible "Viol au vent"... Après l'accordéon et le piano, elle s'accompagne dorénavant d'un trio musical. Ça promet. Ne la ratez pas !

Daniel PANTCHENKO

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