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Le petit monde de Coquelicot
8 février 2007

Julos Beaucarne

julos_beaucarne


Je ne songeais pas à Rose - Texte : Victor Hugo - Musique : Julos Beaucarne

Je ne songeais pas à Rose;
Rose au bois vint avec moi;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.

J'étais froid comme les marbres;
Je marchais à pas distraits;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son œil semblait dire : Après ?

La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols;
J'allais; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.

Je ne songeais pas à Rose;
Rose au bois vint avec moi;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.

Moi, seize ans, et l'air morose.
Elle vingt; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les Merles me sifflaient.

Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblait
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.

Je ne songeais pas à Rose;
Rose au bois vint avec moi;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.

Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.

Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Joli petit pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu

Je ne songeais pas à Rose;
Rose au bois vint avec moi;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.

Je ne savais que lui dire;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.

Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
- Soit; n'y pensons plus ! dit-elle,
Depuis, j'y pense toujours.

Je ne songeais pas à Rose;
Rose au bois vint avec moi;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.

La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols;
J'allais; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.

Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
- Soit; n'y pensons plus ! dit-elle,
Depuis, j'y pense toujours.

Julos Beaucarne a commencé sa carrière en chantant sur les places (il se fait annoncer par un crieur), pour payer les réparations de sa voiture, c'était en 1962, à cette époque il écrivait des musiques de scènes et était acteur de théâtre en Belgique. C'est en 1966 qu'on le retrouve à "La Vieille Grille" à Paris et il reçoit le Prix des Rencontres Poétiques du Mont Saint Michel en 1967. En 1975 disparaît tragiquement sa compagne. Cette même année il reçoit le Prix des Critiques de variétés de France et de Belgique.

Julos Beaucarne est un chanteur rêveur et utopiste qui nous entraîne dans son monde entre la réalité et l'imaginaire avec une voix au doux timbre. Il reçoit le Prix de l'Académie Charles Cros, le prix Loisirs-Jeunes (album Julos chante pour les petits et les grands", le Prix chanson de Sabam, le Prix de la Rose d'Or des Rosatis d'Arras, le Prix de la Pensée Wallone de Mons, la Colombe de cristal de Grand Messager du Cœur. Et des titres : "Officier des Arts et des Letrres de la République Française", Le roi Albert II le nomme "Chevalier" pour l'ensemble de son oeuvre. Parfois traité de loufoque par certains, il n'en demeure pas moins un grand de la chanson.

Éternel voyageur, Julos Beaucarne a fait des tournées au Québec, au Mexique, en Chine, en Algérie, au Zaïre, au Burundi, au Rwanda, en Inde, au Maroc. De ce dernier voyage il a gardé des sonorités que l'on retrouve dans certaines de ses musiques. Fervent défenseur de l'écologie, il crée la première "Centrale Électrique Musculaire", les spectateurs devant pédaler pour alimenter en électricité les projecteurs durant le spectacle, il a aussi inventé la tondeuse à gazon à pédales. Il a été fait citoyen d'honneur de quelques villes tellement il séduit par ce qu'il est et par ce qu'il chante.

Julos Beaucarne milite pour des grandes causes, il a rencontré le Dalaï Lama, et défend les opprimés, comme cette lettre à Kissinger dans laquelle il dénonçait la situation au Chili. Il a écrit plus de 200 chansons. Il est passé par le printemps de Bourges en 1982 avec Gilles Vigneault, à Bobino en 1980, à l'Olympia en 1988, au Casino de Paris en 1991.

Poète inventif

Julos Beaucarne a mis en musique des textes de Victor Hugo, Guillaume Apollinaire, Charles Beaudelaire, Paul Verlaine, Paul Eluard, Robert Desnos et de Henri Pourrat, et composé des musiques pour le théâtre. Diseur, conteur, il est aussi écrivain en jonglant avec les mots du rêve. En l'écoutant on ne peut que se laisser bercer par sa voix et ses textes finement ciselés, défilent les mots et les images suggérées par ces mots.

L'humour n'est pas absent de ses chansons et dans ses concepts, comme le" Front de Libération de l'Oreille" ou bien "La Centrale Électrique Musculaire", le spectacle "Le navigateur solitaire sur la mer des mots", "L'Exposition d'Objets Détournés", l'érection de 9 pagodes post-industrielles.

Julos Beaucarne ne peut pas laisser indifférent.


Ma Loulou est partie pour le pays de l'envers du décor, un homme lui donné neuf coups de poignard dans sa douce peau. C'est la société qui est malade, il nous faut la remettre d'aplomb et d'équerre par l'amour  et l'amitié et la persuasion.


C'est l'histoire de mon petit amour à moi arrêté sur le seuil de ses 33 ans. Ne perdons pas courage, ni vous, ni moi. Je vais continuer ma vie et mes voyages avec ce poids à porter en plus et mes deux chéris qui lui ressemblent.


Sans vous commander, je vous demande d'aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les coeurs purs doivent se mettre ensemble pour l'embellir,


Il faut reboiser l'âme humaine.


Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. A travers mes dires, vous retrouverez ma bien aimée ; il n'est de vrai que l'amitié et l'amour.


Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses.


On doit manger, chacun, dit-on un sac de charbon pour aller au paradis, ah comme j'aimerais qu'il y ait un paradis, comme ce serait doux les retrouvailles. En attendant, à vous autres, mes amis d'ici-bas, face à ce qui m'arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu'un histrion, qu'un batteur de planches, qu'un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire à quoi je pense aujourd'hui :


Je pense de toute mes forces qu'il faut aimer à tort et à travers.

Julos Beaucarne, texte écrit dans la nuit du 2 au 3 février 1975, après l'assassinat de sa femme.

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