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Le petit monde de Coquelicot
2 janvier 2007

Christiane Mouron

Pour Mouron, tout commence à Marseille

Papa qui se maquille, chanteur à l'Opéra, maman qui écrit des chansons. On n'échappe pas à son destin. Tout commence à douze ans, le besoin d'écrire d'abord, l'envie de chanter ensuite.

A dix-sept ans… l'Olympia… avec le Big Bazar. Mouron y chante déjà ses propres textes, sort un quarante-cinq tours «Le chemin de papier».      

En 1986, Romain Didier, touché par les mots qu'elle écrit, lui compose des musiques… Une carrière solo commence.

Son nom, petites fleurs dont raffolent les oiseaux, et se faire du souci en argot, lui évite de se chercher un pseudonyme.      

 

mouron

 

Le Piano-Zinc, à Paris, la création du spectacle Made  in Moon au Festival d'Avignon en 1986, le Théâtre du Toutour (1987), le TLP Déjazet (1988 et 1990), des tournées en France et à l'étranger (Lausanne, Bruxelles, Le Caire, Varsovie, Berlin), deux passages remarqués au Printemps de Bourges en 1987 et 1989…

Mouron enregistre en 1987 son premier album vinyle, unanimement reconnu par la critique, et récompensé en 1988 par le Grand Prix de l'Académie Charles Cros.

Elle participe à l'émission « l'Oreille en coin » sur France Inter de 1987 à 1990. La même année, après un concert formidable au TLP Déjazet, Mouron fait la première partie de Léo Ferré, sort son deuxième album CD « À  l'état brut » chez Tempo/Auvidis.

En 1991 : un mois au Théâtre de  Dix heures, et quinze jours au TLP Déjazet, elle prête sa voix à « Piaf, une brève rencontre » dans un téléfilm pour France 3 (1992).

En 1993 et 1994, elle est soliste dans le spectacle événement monté par Alfredo Arias, «Fous des Folies» aux Folies Bergère, salué par la presse nationale et internationale.

En 1995, elle est de nouveau aux cotés d’Alfredo Arias pour le Bal de la Rose à Monaco.

Elle rencontre au Piano Zinc, à Paris, Georgette Dee (la star du cabaret allemand) et Terry Truck (pianiste) qui vont devenir ses producteurs et lui ouvrir les portes de l'Allemagne.

Mouron écrit et crée le spectacle «Doubles d'âmes» en 1996 au Théâtre d'Ivry, puis au Café de la Danse.

mouron_3      

    
                    


En 1997, elle enregistre son troisième CD « Mouron d'amour », à Berlin, avec Terry Truck qui signe tous les arrangements, et sera désormais son pianiste dans tous ses spectacles. Elle donne une trentaine de concerts en Allemagne, et une vingtaine dans les cabarets parisiens Ailleurs et Le Loup du Faubourg.

En 1998, pour fêter la sortie en France de son CD sous le label du Loup du faubourg, distribué par Night & Day, elle chante à La  Pépinière Opéra à Paris du 8 au 24 janvier, au Festival de Montauban en première partie de Julien Clerc en mai, au Festival Vibrations de Flers en co-récital avec Marie-Paule Belle.

          

mouron_2

 

De février à août 1998, Mouron se produit en Allemagne et en Autriche dans le spectacle Mouron d'amour, ainsi qu'à Paris au Goethe Institut (Nuit Bertold Brecht).

En décembre 1998, elle crée aux côtés de Georgette Dee, Cora Frost et Popette Betancor « Diva Gut », qui triomphe à Berlin durant un mois au Hebbel Theater.
Ce spectacle sera repris au printemps 1999 à Hambourg et Munich.         

Elle crée durant cette année son nouveau récital «bleu noir rouge», à Vienne en Autriche, puis à Berlin dans le célèbre cabaret le Barjedervernunft.

Elle chante en décembre à Paris au Limonaire. À partir de février 2000 elle effectue une tournée avec ce spectacle dans de nombreuses villes allemandes.

En septembre 2000, c'est la sortie en Allemagne du quatrième CD « bleu noir rouge » enregistré en LIVE à l'Auditorium de la Radio Sarroise et co-produit par Viellieb rekords et la Saarländischer Rundkunk.       

En octobre, on la retrouve dans la programmation du Festival de Marne au Kremlin-Bicêtre.

En février 2001, elle chante deux semaines au Tränenpalast à Berlin, dans un nouveau récital « La  vie en trois minutes ». Ce spectacle sera en tournée durant toute cette année dans de nombreuses villes allemandes.         

Fin mars 2001 voit la naissance du CD bleu noir rouge , en France sous le label des Disques Yvon chateigner distribué par M 10.

Le 11 juin 2001, elle est sur la scène de l’Européen à Paris pour un concert unique. Mouron effectuera une tournée en Allemagne durant toute l'année 2001.

Début 2002, elle chante à l’Auditorium  Saint Germain à Paris et tourne au printemps en Allemagne.

En octobre 2002, elle crée, toujours aux cotés de son directeur musical Terry Truck, "QUINZE ANNEES D'AMOUR" (spectacle en hommage à Jacques Brel) à Munich. Ce spectacle tournera dans toute l’Allemagne.

En janvier 2003 elle sort le CD "QUINZE ANNEES D'AMOUR".
Mouron et Terry Truck se produisent à Paris en show case au SOUS-SOL ce même mois.

QUINZE ANNEES D'AMOUR tournera aussi en France (Festivals : vibrations (Flers) - chansons de paroles (Barjac) "éclats de voix” "(Dieulefit) -Festival de Marne (Ivry sur Seine) et en Thaïlande pour l’Alliance Française, toute l’année 2003.

En 2004 Mouron et Terry Truck créent un nouveau spectacle « VIS-À-VIS » dont la première aura lieu à Brême fin février  suivi d’une tournée en Allemagne.
Un concert exceptionnel est donné le 13 décembre au Théâtre des Bouffes Parisiens.

En janvier 2005 un nouveau CD « peut-être demain » est sorti en Allemagne et en novembre en France. À cette occasion Mouron et Terry Truck ont donné trois semaines de concerts (du 26 octobre au 12 novembre) au Théâtre Essaion à Paris.

En 2006 Mouron et Terry Truck créent un nouveau spectacle « LA PASSION DE PIAF » dont la première a eu lieu à Brême mi-février suivi d’une tournée en Allemagne et prochainement en France.

Mouron et Terry Truck étaient en mai et juin 2006 en tournée en Asie du Sud Est ( Indonésie, Thaïlande, Japon) avec les Centres Culturels Français. En 2007, ils tourneront en France, Allemagne et Portugal.

   

TERRY TRUCK

Terry Truck est né près de Manchester. Il étudie le piano dès l’âge de sept ans.

Après des études qui le passionnent à la Hull University, il part vivre à Londres à la fin des années 80 et commence à travailler avec divers groupes de théâtre.

Il rencontre à Londres Georgette Dee. C’est là qu’ils commencent à jouer ensemble. Cette expérience continuera par une tournée en Allemagne. L’aventure durera dix-huit ans ! Ils deviennent un duo célèbre et donnent des concerts dans toute l’Allemagne, en Autriche et en Suisse, sont invités également en Belgique, Hollande, Danemark, Pologne.

Parallèlement, Terry Truck travaillera pour la « Familie Schmidt », Ernie Reinhardt (Lilo Wanders) et sera le directeur musical du « Schmidt Show » (NDR) durant deux années.

En 1990, il compose la Comédie Musicale « Beiß mich! » pour le Tivoli Theater à Hambourg. Il y dirigera plus de 80 représentations durant les deux années suivantes.

En 1994 il fonde avec Georgette Dee  « Viellieb Rekords », un label de CD dédié à promouvoir la Chanson. À ce jour « Viellieb » a produit 23 CD.

En 1995, Il rencontre Mouron à Paris et commence une collaboration artistique incluant la réalisation de CD et des concerts en France, Allemagne, Autriche, Russie et Thaïlande.

En 1998, il compose et sera le directeur musical de « Diva Gut », un spectacle musical avec Georgette  Dee, Cora Frost, Popette Betancor et Mouron. Ce show se jouera sold out au Hebbel Theater à Berlin pour 23 représentations.

En 1998, il réalise son premier CD en piano solo « Nocturnes  » chez Viellieb Rekords.

En 2001 Dee et Truck fêtent leurs 20 années de spectacles ensemble et décident alors de séparer leurs chemins.

En 2003 Terry Truck enregistre et réalise son deuxième CD solo "Alone|not alone", composé de chansons originales.

   
 

«Tu sais Mouron, une grande chanson, c’est une chanson dans laquelle tu mets dans tes mots, dans tes notes et surtout dans ta voix, TOUTE TA VIE… ton enfance, tes amours, tes joies, tes peines… dans TROIS MINUTES.»

J’avais dix-sept ans et je faisais  partie du Big Bazar lorsque Michel Fugain m’a dit cela.

Cette phrase est restée gravée en moi, tellement elle ressemble à l’idée que j’ai de la Chanson, tellement elle adhère à ce que je pourrais nommer « ma mission » d’artiste.
Mouron

VIS-À-VIS est un programme  tout consacré à cet héritage de la vie.

C’est un spectacle composé principalement de chansons originales dont Mouron est l’auteur, mises en musique par les complices de toujours : Terry Truck, Romain Didier, G.G. Candy. Elle interprète également quelques grandes chansons de Brel, Piaf, Brassens, Trenet.


LA PASSION DE PIAF - NOUVEAU SPECTACLE 

Un producteur d’Hollywood a proposé un jour à Piaf de réaliser un film sur sa vie. Sa réponse fut claire : « Si les gens veulent connaître ma vie, ils n’ont qu’à écouter mes chansons ».

De « La Goualante du Pauvre Jean » (qui n’est rien sans amour) à l’implacable « Je ne regrette rien », Piaf a peu dit mais elle a tout chanté.

« La passion de Piaf » raconte une histoire vraie qui ressemble à une fiction : celle de la petite Edith, de sa naissance dans les quartiers pauvres de Paris, de la chanteuse des rues à la star internationale.

« La passion de Piaf » redonne vie à ce destin hors du commun, cette énorme faim de vivre, cette soif d’amour, cette existence pleine de douleur, de PASSION.

En Allemagne comme partout dans le monde, Edith Piaf est un symbole, une icône de la chanson française.

Mouron, accompagnée de son fidèle complice, le pianiste et arrangeur Terry Truck, témoignent dans ce spectacle de leur propre passion à interpréter Piaf et apportent leur éclairage personnel de l’œuvre de la chanteuse.

« Mouron semble tout d’abord être une réincarnation de la grande Piaf, mais elle est en fait totalement différente, une créature à elle toute seule. Mouron possède avant tout une voix qui ne fait pas pleurer que le Bon Dieu, puissante et claire à la fois, saisissante et insaisissable ; Sa magie opère par une émotion immédiate, qui va droit au cœur sans prévenir et sans détour. « Un cœur sur deux jambes » dira plus tard une spectatrice ».

BONNER RUNDSCHAU

 

QUINZE ANNÉES D’AMOUR - LE SPECTACLE

Mouron et Terry Truck tournent en parallèle à ce nouveau programme un spectacle crée en octobre 2002 « QUINZE ANNÉES  D’AMOUR » en hommage à JACQUES BREL.

BREL disait : " Les hommes ne sont malheureux que dans la mesure où ils n’assument pas les rêves qu’ils ont ".

L’un des miens était d’assumer ses chansons.

Et si BREL se définissait comme un aventurier, un nomade, un Don Quichotte, je suis tout simplement heureuse et fière d’être le temps d’un spectacle " son amigo ", son Sancho Panca.

QUINZE ANNÉES D’AMOUR - plus qu’un simple récital - est  un voyage à travers la vie et l’œuvre de Jacques  Brel.

C’est un spectacle original composé de chansons, de citations de l’artiste, d’anecdotes et de témoignages personnels.

TÉLÉRAMA salue l'audace "de chanter le gigantesque Brel sans autre filet qu'un piano....Quelle force! L'ancienne soliste d'Alfredo Arias a toujours ses airs de tornade. Sincérité et engagement garantis".

LE PARISIEN surenchérit : " Elle l’interprète, elle lui ressemble aussi, avec cet amour maladroit, comme si elle chantait toujours pour la première ou la dernière fois. "
Quinze Années d’Amour n’aurait pu se faire sans l’aide amicale et précieuse de FRANCE BREL et de la Fondation Jacques Brel.


AMOUR -  LA MÉMOIRE ET LA MER 


Il est des albums comme ça.
 Qui vous laissent sinon sans voix : à court de mots.    

Comment dire, sans paraître forcer la note, non que l’on a simplement aimé mais... «plus     qu’aimé» ?       

C'est sûr on  joue avec le coeur
C'est sûr on marche sur le bonheur
On trompe toutes nos promesses
On piétine notre tendresse

    

C'est sûr de vide on est repus
On vidéo et de revues
Nos arbres sentent l'encaustique
On est des Indiens amnésiques

Mais l'amour
Mon amour
Préservons-nous mon amour
Mais l'amour
Mon amour
Préservons-nous de tout mais pas d'amour
    

Et dire qu’il s’en est fallu d’un rien, d’un heureux hasard, sans lequel ce plus-que-bonheur d’album n’aurait pas eu la moindre chance de m’effleurer de son aile...

De très loin, du presque centre Amérique, un copain m’écrit un jour pour me demander si je n’aurais pas de vieux albums du Big Bazar. Je souris... Le Big Bazar...

Je farfouille dans mes vieux vinyles, j’en extirpe trois pochettes aux coins écornés.

Premier 33 : «     Crisshhh ! ... »

L’aiguille peine, souffre, mais fait son chemin, de clichés hélas surexploités en beautés miraculeusement     préservées : Le chevalier des causes perdues, Le Roi d’Argot... Je ne souris plus : j’écoute, scotché.

Second 33.

L’aiguille résiste,  persiste, le passé réexiste, se conjugue au présent :      

Et puis le temps
Arrive où l’on joue pour de vrai
Aux jeux des grands
Ceux de la guerre et de l’amour et de l’argent
Où l’on a mal où l’on a peur où l’on se vend

 La jeunesse

Ça s’en va
Comme un feu de bois quand s’éteint la fête
La jeunesse
Ça s’en va
On se dit toujours que ça reviendra
Pourquoi pas
   

«La jeunesse» ... J’avais 15 ans à l’époque, j’en ai bien plus du double. Je me souviens m’être demandé, jadis, ce que me feraient ces mots quand je serais grand. Je me sens tout petit; eux, restent immenses.

Dernier des trois 33.

Live 1978.  Sans même poser le disque sur la platine, ça me revient : Tous  les Acadiens...

L’album de trop, le Big Bazar virant au Gros Carnaval, grand avion quasi crashé, in extremis posé, roulant doucement vers le musée... Non, ne garder que le meilleur, ranger ce dernier 33, revenir au premier...

Pourtant... étrange impression : celle d’une tout petite case qui se serait entr’ouverte dans ma mémoire... Rien de précis : juste, très vague, l’impression d’oublier quelque chose, de passer à côté de... quoi ?

Par acquis de conscience, je repose le 33 sur la platine, puis l’aiguille, brièvement, sur les premières notes de chaque piste...

Je n’ai pas à attendre longtemps. Face A, piste 4, sans même d’intro, ces mots me sautent au cou et tout me revient, d’un coup :

Moi  je suis sa faiblesse
Son immense pudeur
Le revers de sa veste
Qui brille dans son coeur...
    

C’est mon ami à moi
Surtout n’y touche pas
Il joue les grands héros
Il est seulement beau

C’est moi amour à moi

Croix de fer croix de bois
On sera les plus forts
À la vie à mort

Pour tuer sa tristesse

Je crèverai de joie...       

Comment, mais comment ai-je pu laisser dormir cette merveille dans mon placard pendant 10, 15, 20 ans ? 23 ans ! Cette chanson, cette voix, cette fille, comment s’appelait-elle déjà ?

Oui, c’est là, écrit en tout petit : « Christiane Mouron ».

La chanson s’appelait Le revers de sa veste, elle en avait écrit le texte, je me souviens. Et plus loin, oui oui ça me revient, il y en avait une autre, d’elle aussi, comment était-ce déjà, ça faisait... :

J’ai  taillé mon crayon
J’ai pris ma feuille de papier
J’ai dessiné la maison où je suis née
   
J’ai gommé la maison
Sans faire de trous sur le papier
J’avais des ailes au crayon
Je suis partie
Je suis partie
Sur le chemin je m’en vais
J’ai trop rêvé de m’envoler
Je m’en vais
Sur le chemin de papier
Je me suis échappée
Je vis dans le dessin
Que j’ai animé
Sur le chemin de papier
J’ai trouvé mon ami
Cet ami
Que j’ai tant cherché

      

Me voilà à quatre pattes dans mon tas de vieux vinyles : mais où est-il, dieu du ciel, je ne l’ai tout de même pas perdu, prêté, vendu ?

Non, le voilà ! Le dernier album du Big Bazar, sans Fugain mais « avec Christiane Mouron », promue leader éphémère d’un groupe taxé d'has-been pour un ultime chant du cygne. Dix chansons, dont des merveilles : Gens de     Paris, Pauvre de moi...    

Toutes signées, comme Le revers de sa veste et Le chemin de papier : Christiane Mouron/ GGCandy.    

Je retourne la pochette, je regarde la date : 1980.  Évidemment !  Ça ne pouvait pas marcher, ça ne pouvait plus marcher.    

Et ça n’a pas marché.    

Allez ! Souvenirs, souvenirs... On s’en reverse une larme, on verse quelques larmes et on n’en parle plus ? C’est ce que je me suis d’abord dit, résigné.

Résigné, comme je m’étais résigné à l’époque à garder pour moi l’amour vrai, l’émotion de cet album, n’ayant jamais su en faire goûter le plaisir à quiconque : « Le Big Bazar ? Ah non, pas encore, marre, c'est fini ça... »

Quand ce n’est plus l’heure ce n’est plus l’heure, dit-on : une connerie de plus.    

Souvenirs, souvenirs, stop !    

CD vierge, vinyle, transfert, je grave donc pour mon copain d’Amérique une compil « Big Bazar 1974-1980 », bien perso. J'emballe, j’adresse, mais au dernier moment je me ravise : je déballe le tout, et vlan ! Je duplique le CD pour un autre copain, plus jeune, qui sans doute n’a pas connu. Comme ça, pour voir...

Quelques jours plus tard le téléphone sonne.    

- « Le chevalier des causes perdues... Le roi d’Argot... La Jeunesse... quelles chansons !  Mais le plus beau, le plus beau :  Christiane Mouron ! Le revers de sa veste....   Le chemin de papier... Et même ensuite, les dernières de 80, Gens de Paris... »    

-     « ... Comment ? ... Toi aussi ?  »    

- « Tu veux rire ?  Mais quelles chansons !  Quelle interprète, et  auteure en plus.... »    

  - « Oui... Dommage que ça n’ait pas marché. Surexploité le Big Bazar, mais y a pas que ça, soyons honnête : auto-ringardisé aussi, le BBZ, avec les  Acadiens, même avant... Tant pis : disparue la grande petite Christiane, volatilisée. Comme tant d’autres qui avaient des choses à dire. Des choses qu’on ne voulait plus entendre. Ou pas encore entendre, finalement ...

Au fond, avec Mouron, ce n’était déjà plus le Big Bazar. Tu sais, sur le dernier album du BBZ « avec Fugain », en 78, le Michel n'y est plus du tout, son discours s'essouffle. Et puis tu as ces deux chansons de Mouron, immenses, perdues là. Pas du tout dans le discours « crash-babacool » de l'époque. Pas dans le « no future » non plus. Comment dire? C'est du « yes future », comme chez Valérie Lagrange plus tard, mais ça tape du poing sur le coeur plus que sur la table....

L'album de 80, ensuite, celui du « BBZ avec Christiane Mouron », est venu trop tôt finalement. Il est vachement bien cet album, même, surtout aujourd'hui ! Mais on y a vu du sous-BBZ, alors que c'était bien autre chose... Tiens, Mourir  d'exister, c'est pas du tout la belle utopie de Chante comme si tu devais mourir demain.  Oui si, ce l'est, et tant mieux, mais c'est plus fleur au poing plus que poing dans les fleurs... » 

          Depuis que je suis née
          On essaie de m'assassiner
          On veut tuer mon coeur
          À coup de guerres à coup d'horreurs
          On veut avoir ma peau
          En y collant un numéro
          On veut me programmer
          Me déshumaniser

         

        Mais moi

          Je veux vivre ma jeunesse
          À en crever
          Je veux mourir d'exister

         

        Mourir

          Mourir
          De jeunesse inachevée
          Mourir
          Mourir
          Mourir d'exister
                  

- « Elle est belle cette chanson. »    

- « Oui ! »    

- « Mais tu sais, ça me revient... Christiane Mouron... J’ai vu ce nom quelque part il n’y a pas si longtemps, sur un affiche... " Mouron " en fait, elle a laissé tomber le " Christiane ", maintenant c'est " Mouron ", tout court. Oui, oui, elle chantait dans une petite salle... Un soir je pense, un seul soir... »

Et c’est ainsi que « Mouron » est, par le plus beau des hasards, revenue dans ma vie musicale.


En trois coups de souris sur Internet, je l’avais retrouvée : elle n’avait pas sombré corps et biens au pays du silence. Après le méga-bide de la dernière mouture du Big Bazar, elle s’était tue un temps, certes, mais avait finalement récidivé. Dans l’indifférence la plus totale, cela va sans dire.

Un album en 89 : A l'état brut.      Bide, désormais indisponible..    

Un autre en 97 : Mouron d’amour.  Confidentiel.  Lire : re-bide.    

Et même un en 2001, live  : Bleu Noir Rouge.    

Sans vraiment m'attendre à rien sinon au pire, à de xèmes albums de « sous-jadis », j'empoigne ma souris, je clique, je commande.

Quelques jours plus tard, le facteur dépose dans ma boîte aux lettres Bleu Noir Rouge (2001) et Mouron d’amour (1997).    

Tout de suite, la pochette de ce dernier me saute aux yeux : je ne me souviens pas avoir vu de pochette aussi laide. Du moins aussi kitsch, mais sans second degré. Si j’avais vu cet album dans les bacs, jamais je ne l’aurais jamais acheté. Non que Mouron soit laide : ce n’est pas une beauté classique, mais cela n’a rien de rien à voir. Seulement, plantée là, sur cette pizza passée verte et rose, en robe du soir dans cette pose étriquée, elle a l’air de... Ça a l’air de...

Enfin bref je regarde. Je regarde ce Mouron d’amour...et j’ai peur.  Peur d’appuyer sur PLAY.  Si l’album est à l’image de la pochette, à quoi bon ?   

mouron_4 

J’ai si peur, en fait, que je décide d’éviter les deux premières plages, inédites, préférant commencer par les versions 97 du Revers de sa veste et du Chemin de papier, seules reprises de ce lointain passé qui, j’en ai bien peur, si je me fie aux apparences, m’attend là plus que mort et enterré : incinéré.

En comparant les sublimes versions de jadis et les deux mièvreries synthéto-bousillés qui à coup sûr me guettent, je saurai, tout de suite. Le choc plus-que-certain des très-certainement-nulllissimes nouvelles chansons en sera, ainsi, atténué.

PLAY !    

Comme si c’était possible, la voix n’a pas changé : elle s’est simplement étoffée, affinée. Comme si c’était possible, pas un synthé à l’horizon : piano, violoncelle, contrebasse, grand accordéon, perçus discrètes. Comme si c’était possible, mais oui ce l’est, ce l’est : ces versions 1997 sont encore plus belles que les originales. Totalement différentes, totalement dépouillées, plus lentes, plus envoûtantes, plus profondes.

Scotché n’est pas le mot. Vraiment.    

Mais j’ai encore peur : quid des mots, des musiques d’ensuite ?    

Et là, là, je les revois, tous ceux-là d’avant « 80 » : ils m’ont si souvent déçu depuis, ils se sont tant répétés, si souvent parodiés, synthétisés, banalisés ou pire : trahis. Tous, presque tous...

Je ferme les yeux, paré pour le pire, j’appuie sur 1 : Préservons l’amour.

Je réouvre les yeux au bout de plus d'une heure : j’ai rêvé ?    

Onze chansons inconnues : certaines, réarrangées, déjà présentes sur le CD disparu de 89, d'autres, souvent les plus bouleversantes, totalement inédites, mais TOUTES, à à peine une ou deux exceptions près (et encore!), aussi sublimes les unes que les autres, vraiment, toutes magnifiquement arrangées, toutes sublimement écrites, interprétées, offertes comme autant de cadeaux, comme un immense cadeau, absolument à l’opposé de ce qu’en laissait présager l’emballage.     

Au final, treize chansons à la fois classiques et d’une modernité totale, en rien de rien poussiéreuses ou « grande chanson française has-been » comme c'est trop souvent le cas quand les textes, les vrais, sont au rendez-vous. Treize chansons originales, honnêtes, « belles ». Treize chansons acoustiques rythmées, soulevées, emportées par la voix de Mouron, puissante mais jamais hululo-hurlante, franche, toujours.

Treize chansons urgentes, qui parlent avec intelligence, sensibilité et sobriété de la vie, de la mort, de ces instants où la première ressemble à la seconde, du refus à jamais de ces instants, de leurs raisons, et des solutions, peut-être, à leur non inévitable existence.

Il était, tard, très tard dans la nuit lorsque j’ai dit, à regret, à demain à Mouron. Et adieu aux apparences, je l’espère à jamais.

Au coin d’un ciel voilé, la lune éclairait la terrasse.    

J’ai souri : comment, mais comment dire que l’on a « plus qu’aimé ? »    

Et si c'était, simplement, en rendant à celle qui les a plantées, cultivées avec amour et si sublimement offertes, quelques-unes des plus belles fleurs que l'on aie jamais reçues en plein coeur ?

mouron_5

 

         

Pourquoi faut-il que le temps passe
      Lorsque l’on regarde passer
      La lune au coin d’un ciel voilé
      Sur le terrasse

 

On s’en va visiter l’espace
      Sur notre beau tapis de roses
      Toutes les étoiles se reposent
      Sur la terrasse

 

On ferme les yeux et on rêvasse
      On pleure de joie, on ploie, on coule
      Et l’univers entier se saoule
      Sur le terrasse

 

Petit violon grosse contrebasse
      Quatre mains magiques se fondent
      Dans la plus belle musique du monde
      Sur la terrasse

 

Dehors ils font encore la guerre
      Une biche sait qu’on la chasse
      Et nous on écoute La Mer
      Sur la terrasse

   
         
POURQUOI ON VIT

ÉCRIVEZ À L'AUTEUR

               

Oui, il est des albums comme ça.

Qui vous bouleversent comme un être qui vous regarde sans avoir besoin de vous dire qu’il vous comprend mieux que quiconque. Et toute votre vie est racontée dans ce regard-là.

Il est des albums comme ça.

Où la musique est plus que belle.

Où les mots font palpiter votre cœur mieux que bel et bien.

Où la voix est celle de votre âme.

Et vous en pleurez d’amour. Parce que dans cette musique vous existez soudain jusqu’au bout de vos ongles, qui ont pourtant l’habitude de racler les murs de l’incompréhension, de la solitude, du désamour… ou pire, de l’ennui et du rien.

Il est des albums comme ça dont il est difficile de parler tant ils concrétisent à merveille cette alchimie magique qu’est une chanson, tant l’émotion vous noue la gorge. Oh pas par tristesse, mais par le flot de vie qui vous envahit.

Il est pourtant de ces albums qui sortent déjà dans l’oubli.

Alors il est de ces albums sur lesquels on a envie d’écrire, juste pour que la Terre entière les connaisse.

Et des albums comme ça, il n’y en a pas des masses.

Mouron est belle, est bonne.

Écoutez-la.

Elle ne meurt pas d’amour : elle est générosité, elle est adolescence sans immaturité, elle est mots justes, elle est belles notes.

Aimez-la !

Votre cœur sera si bien caressé qu’il n’est point besoin de vous demander de l’aimer.

Car, si vous aimez les mots, la musique, la voix et les gens dans ce qu’ils peuvent avoir de plus beau, vous l’aimez déjà, sans la connaître encore.

Alors, comme elle le chante si bien : préservez-vous de tout mais pas d’amour.

Elle vous fera l’aimer, cette putain de vie, Mouron.

Cette si belle putain de vie !
    

 Il n’y a que le beau qui reste
     Le reste s’en va


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